Pour sa quatrième mission sur le continent africain, Matteo Nallet, recruteur du FC Annecy (Ligue 2 française), a posé ses valises à Ouagadougou. Objectif : observer, analyser, identifier et, qui sait, révéler une future pépite du football africain.
Présent dans la capitale du Burkina Faso, Matteo Nallet a accordé un entretien exclusif à la rédaction d’Africafoot. Dans le cadre de notre série d’articles #ParoleAuxAgents, le recruteur français partage les clés d’une détection réussie à destination des jeunes talents :
Je suis au Burkina pour une détection, avec l’objectif de repérer des joueurs à faire venir en France. J’ai déjà travaillé au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Cameroun.
Du 14 au 17 avril, il a assisté à la 4e édition du TalentMax Youth League, un tournoi de plus en plus incontournable dans le paysage du football africain. Si la qualité des joueurs était bien au rendez-vous, la chaleur écrasante du mois d’avril a quelque peu freiné leur plein potentiel.
Aucun joueur n’a triché, tous se sont donnés à 100 %. Mais ce n’est clairement pas la période idéale pour les voir à leur meilleur niveau. Une météo plus clémente aurait favorisé une meilleure expression. Cela dit, les jeunes savent jouer au foot, c’est une évidence.
À chaque détection, Matteo Nallet observe avec attention, mais sans précipitation. Il préfère accumuler les données, échanger avec certains profils et garder une vision d’ensemble avant de tirer des conclusions.
Je ne donne jamais de noms sur place. Je parle avec certains joueurs, mais ça ne signifie pas que les autres ne m’intéressent pas. Le but, c’est de récolter un maximum d’infos et, si nécessaire, revenir plus tard pour concrétiser.
Mais alors, quels sont ses critères ? Le talent seul ne suffit pas :
Tout dépend du poste, évidemment. Mais chez nous, au FC Annecy, on est le club qui court le plus en Ligue 2. L’endurance est donc primordiale. Il faut aussi une vraie mentalité de bosseur. L’impact, la gestion du ballon sous pression, l’implication dans le jeu… ce sont des aspects que j’observe de près.
Et une fois un profil validé, la suite est bien balisée : contrat d’essai, mise en situation face aux joueurs du club, décision concertée avec l’entraîneur et la cellule de recrutement. Rien n’est laissé au hasard.
Au-delà des critères techniques et statistiques, Matteo Nallet insiste sur la dimension mentale et émotionnelle. Selon lui, les jeunes doivent aborder les détections avec calme, envie et naturel.
Il ne faut pas croire que c’est le jour le plus important de sa vie. Ce n’est pas vrai. Il faut transformer cette pression en énergie positive. Si tu es fait pour ce sport, les opportunités finiront par venir.
Il invite les joueurs à jouer simplement, avec intensité, sans se travestir :
Il faut montrer sa palette, s’impliquer dans le jeu, prendre des responsabilités. Les défenseurs aussi doivent démontrer leur capacité à apporter offensivement. J’attends des joueurs qu’ils jouent comme ils savent le faire, sans en faire trop. Ce que je veux voir, c’est ce que tu es capable de faire naturellement. Et surtout : prendre du plaisir. Le football, c’est avant tout ça. Le reste suivra.
Un discours lucide, passionné et profondément respectueux des jeunes joueurs. À travers le regard de Matteo Nallet, on comprend pourquoi des recruteurs comme lui sont essentiels à des tournois comme le TalentMax Youth League. Ils ne viennent pas simplement chercher un joueur. Ils viennent offrir une chance.
Dans notre série d’articles #ParoleAuxAgents, à lire également : Salomé Compaoré, l’agent qui fait bouger le football burkinabè.