Basé en Israël, Abou Karamoko est un agent de joueurs qui s’est spécialisé dans l’accompagnement de footballeurs africains à travers le continent, notamment en Côte d’Ivoire, au Mali, en Guinée Conakry, en République centrafricaine et en République Démocratique du Congo. Comme bon nombre de ses confrères, son objectif est clair : repérer les talents prometteurs pour les placer dans les championnats européens.
Dans cet entretien exclusif accordé à Africafoot, dans le cadre de la série d’articles #ParoleAuxAgents, Abou Karamoko partage sa méthode de recrutement sur le continent et dévoile sa vision à long terme :
Le mercato FIFA se divise en deux périodes. La plus importante est celle de l’été, qui s’ouvre en juin et dure environ 12 semaines. C’est durant cette fenêtre que clubs et agents redoublent d’efforts pour placer leurs joueurs. Il y a énormément de mouvements pendant cette période. Pour être efficace, il faut s’y préparer bien en amont : identifier les besoins des clubs, analyser leurs profils cibles, entamer les discussions. Tout se joue sur l’anticipation.
Mais malgré toute cette préparation, le contact avec les jeunes joueurs africains reste souvent complexe. La méfiance est palpable, alimentée par les mauvaises expériences vécues par certains d’entre eux avec des agents peu scrupuleux :
Parfois, on repère un profil intéressant sans même connaître le joueur. Il faut alors passer par des intermédiaires pour organiser une rencontre, échanger avec le joueur et son entourage, leur présenter le projet. C’est un processus lent, car la plupart des jeunes en Afrique ont du mal à saisir tout de suite la portée d’un projet professionnel.
Même pour signer un simple contrat de représentation, c’est souvent très compliqué. Le métier d’agent est encore méconnu et les dégâts causés par des agents véreux rendent les jeunes méfiants. C’est pourquoi il est essentiel de faire preuve de transparence et de pédagogie, de démontrer notre bonne foi et notre sérieux.
Fort d’une solide expérience, Abou Karamoko a déjà accompagné de nombreux jeunes africains vers l’Europe. Pour beaucoup d’entre eux, la première étape se fait en Israël, un tremplin vers une carrière professionnelle prometteuse.
Il faut d’abord avoir le contrôle du joueur, qu’il soit sous contrat avec nous. Avec le temps, nous avons acquis une certaine expertise dans la gestion de carrière. Nous suivons des profils comme l’Ivoirien Chris Kouakou, aujourd’hui au FC Midtjylland, actuellement prêté au CD Mafra, au Portugal. Ou encore Doueugui Mala, un défenseur central en Géorgie, ainsi que Nguema, un joueur gabonais au fort potentiel. Ce sont des jeunes qui nous écoutent et progressent bien. Nous avons aussi signé deux internationaux libériens en Arabie Saoudite.
Le réseau de Karamoko s’étend désormais sur plusieurs pays d’Afrique, avec des équipes locales qui l’aident à identifier et évaluer les talents :
Nous avons des relais en Côte d’Ivoire, au Mali, en Centrafrique, en RDC… Cela nous permet de rester connectés aux réalités du terrain et d’anticiper les besoins du marché. On travaille jour et nuit. Le milieu est exigeant, mais rien n’est facile dans la vie. Nous voulons peser davantage sur le continent.
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