Malgré les difficultés rencontrées en Afrique, plusieurs centres de formation du continent se démarquent. C’est notamment le cas de la Tad Sports Academy, qui veut devenir une référence. Dans un entretien exclusif avec la rédaction d’Africafoot, Michel Didier Tadoun, son président, se confie sur les défis qu’il relève au quotidien pour faire prospérer l’académie.
#1 Pouvez-vous vous présenter rapidement à nos lecteurs ?
Je m’appelle Michel Didier Tadoun. Ancien joueur formé au Cameroun, j’ai fait mes classes à la Kadji Sports Academy avant de poursuivre mon parcours en France, à Tours, puis d’obtenir mes diplômes d’entraîneur (BE1 et BE2). J’ai ensuite perfectionné ma formation en Allemagne.
Après ma carrière de joueur, je suis devenu agent, puis recruteur, avant de fonder en 2013 la Tad Sports Academy, au Cameroun, un club exclusivement tourné vers la formation et la post-formation des jeunes talents.
Mon expérience m’a permis de constater que l’Afrique du football se structure autour de quatre pôles : le Sud, le Centre, l’Est et l’Ouest. Le Nord, lui, reste à part : les clubs nord-africains disposent d’un avantage certain sur ceux d’Afrique subsaharienne, ce qui rend plus complexe le recrutement de leurs joueurs.
#2 Vous êtes le recruteur Afrique pour Limassol. Comment fonctionnez vous pour déceler les jeunes talents ?
Dans notre travail, nous collaborons étroitement avec les grands centres de formation, notamment lors des tournois de jeunes organisés par la CAF (U17, U20, U23).
Au Cameroun, nous travaillons avec des institutions reconnues comme les Brasseries du Cameroun. En Afrique de l’Ouest, nous collaborons avec des académies de renom. En Côte d’Ivoire, l’ASEC n’est plus seule en tête, d’autres centres montent en puissance.
Au Sénégal, la progression de clubs comme Génération Foot est spectaculaire depuis 2020. Au Mali, le vivier reste immense avec des structures comme l’Académie Jean-Marc Guillou ou le Stade Malien.
#3 Comment se passe la relation avec les clubs ?
Nos relations avec les clubs sont saines, fondées sur le partenariat. Mais travailler en Afrique n’est jamais simple : manque de transparence, instabilité des fédérations, changements constants…
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#4 Limassol envisage-t-il un partenariat avec une académie en particulier ? Est-ce une bonne stratégie de développement selon vous ?
Beaucoup d’équipes européennes, en particulier en France, en Scandinavie (Norvège, Danemark, Suède), ont déjà sécurisé des partenariats locaux. De notre côté, nous misons sur la proximité et la transparence pour bâtir des projets solides.
#5 On a évoqué Fi Akamba à Limassol, c’est validé ? Pouvez-vous nous parler de lui ?
Récemment, nous avons finalisé l’accord pour un joueur formé dès ses 11 ans aux Brasseries du Cameroun, institution qui a produit des talents comme Baleba (Brighton), Yondjo (Lille) ou Clinton Njie (ex-OL). Malgré la concurrence, nous avons saisi l’opportunité.
C’est un milieu box-to-box athlétique, au profil rappelant Pape Bouba Diop. Nous comptons sur lui pour renforcer nos campagnes européennes, notamment en UEFA Conference League.
#6 Vous êtes aussi fondateur de la Tad Sports Academy à Yaoundé. Pouvez vous nous citer 2-3 joueurs a suivre ?
En dix ans, la Tad Sports Academy a vu éclore plusieurs talents :
- Duplexe Tchamba, transféré de Tad Sports à Strasbourg, aujourd’hui à Casa Pia (Portugal).
- Samuel Kotto, passé par Malmö avant de rejoindre La Gantoise (Belgique).
Chaque année, nous parvenons à placer de nouveaux joueurs. Actuellement, deux profils attirent déjà l’attention :
- un défenseur central né en 2010, suivi par le Stade Rennais,
- un autre, né en 2006, courtisé par des clubs portugais.
#7 Quels sont les difficultés et les avantages de la formation camerounaise ?
Le grand défi reste le manque de moyens. Nos infrastructures ne sont pas au niveau européen, et les clubs africains vivent trop souvent de « one shot », sans plan de réinvestissement durable. Pourtant, une dynamique est en marche :
- Au Bénin, d’anciens joueurs investissent dans la formation.
- Au Gabon, après des années d’attente, la relance se dessine.
- Au Cameroun, les centres historiques comme Kadji ou les Brasseries demeurent des références, mais de nouvelles académies émergent, telles que Tad Sports, Dauphine ou encore la Sims Academy, déjà en lien avec le FC Nantes.
- Au Sénégal, aux côtés de Génération Foot, de nouvelles structures comme Guédiawaye confirment l’explosion du vivier local.
Cette effervescence marque une véritable mutation du football africain, qui, si elle perdure, profitera à tout le continent.