Les transferts de joueurs sont souvent accompagnés d’anecdotes, de moments de tension et parfois de malentendus. Les footballeurs algériens, malgré leur talent, n’ont pas échappé à des histoires marquantes qui ont conduit à des transferts avortés.
Certains qui auraient dû avoir une carrière magistrale n’ont pas pu aller au bout de leur rêve pour des raisons politiques, d’autres, de par leur caractère et leur tempérament ont fait la une de l’actualité, tandis que certains, ont été victimes de très gros malentendus allant jusqu’à la justice. Dans le cadre de notre série d’articles #HistoiresAfrique , voici 3 anecdotes insolites sur les transferts en Algérie.
#1 Lakhdar Belloumi : une blessure fatale et des lois restrictives
Considéré comme l’un des meilleurs joueurs algériens et africains de l’histoire, Lakhdar Belloumi sera à jamais une référence du football en Algérie. Connu de tous, le père d’un certain Bachir Belloumi a marqué son époque par son talent exceptionnel, sa vision du jeu et sa capacité à créer des opportunités pour ses coéquipiers. Il est également connu pour avoir inventé la « passe aveugle ».
Au-delà de ses exploits sur le terrain, Belloumi a reçu le Ballon d’or africain en 1981 et reste une icône du football africain. Sa carrière internationale s’étend sur près de deux décennies, avec 100 sélections et 28 buts marqués.
Principalement associé au GC Mascara, il a également évolué dans d’autres clubs algériens, notamment le MC Oran et l’ASM Oran. Toutefois, malgré son immense talent, il n’a jamais évolué en Europe, où il attirait tout naturellement la convoitise des plus grands clubs du continent, en France, en Espagne, ou encore en Italie.
L’un des transferts avortés les plus marquants étaient sans doute celui à la Juventus de Turin. Attendu pour un rendez-vous le 1er mai 1984, Lakhdar Belloumi s’était grièvement blessé quelques environ un mois et demi avant cette date, plus précisément le 19 mars 1984. Compte tenu de sa situation, le joueur n’a finalement pas pu faire le voyage jusqu’en Italie, et a sans doute loupé l’une des plus grosses opportunités de sa carrière.
Il est d’ailleurs à noter que des opportunités pareilles, Lakhdar Belloumi a dû en rater un bon paquet. En effet, car avant 1984, la loi algérienne interdisait aux joueurs de quitter le pays pour évoluer à l’étranger.
Il est certain que sans ces obstacles, Lakhdar Belloumi aurait sans l’ombre d’un doute s’imposer comme l’un des meilleurs joueurs de l’histoire, et une référence du football en Europe, tout comme son compatriote Rabah Madjer, mais le destin en a malheureusement voulu autrement.
#2 Djamel Benlamri et l’épisode houleux avec le Wydad Casablanca
Djamel Benlamri, défenseur emblématique de l’équipe d’Algérie, a fait parler de lui en début 2022 pour des raisons bien éloignées des terrains. En effet, son départ précipité du Wydad Casablanca a suscité une vive controverse dans le Maghreb, et c’est avec franchise qu’il avait décidé de rétablir sa version des faits.
L’international algérien, connu pour sa rigueur et son professionnalisme, avait pourtant des intentions louables en rejoignant le WAC.
J’ai signé pour défendre le maillot du Wydad et apporter ma contribution à une grande équipe, mais certaines choses m’ont poussé à changer d’avis.
Selon Benlamri, le problème a commencé dès son arrivée. Alors qu’il attendait une communication claire et un accueil à la hauteur du standing du club, il a été confronté à un mépris apparent de la direction.
Le président du Wydad, Said Naciri, n’était pas présent à la signature de mon contrat. Il ne répondait pas à mes appels et ne respectait pas les engagements pris.
Pire encore, le joueur a dû prendre en charge les frais de son voyage et de celui de son agent pour se rendre au Maroc. Une fois sur place, les conditions ont rapidement déçu le joueur, qui espérait un traitement professionnel :
Comment jouer dans de telles circonstances ? On me faisait parler à des assistants au lieu du président. Ce manque de respect a été la goutte de trop.
Benlamri a également évoqué des promesses non tenues de la part de Said Naciri. Ce dernier aurait promis de discuter du contrat autour d’un repas, mais ne lui aurait finalement accordé que cinq minutes.
Ce qu’il a dit publiquement comporte de nombreuses inexactitudes.
Ainsi, cette expérience avec le Wydad reste une désillusion pour le défenseur algérien, qui s’attendait à trouver un environnement plus professionnel.
#3 L’étrange affaire de Tahraoui : entre trahison et confusion juridique
Dans les coulisses du football algérien, les transferts de joueurs sont souvent émaillés de litiges, mais l’histoire d’Abdelmadjid Tahraoui, ancien attaquant talentueux, a marqué les esprits par ses rebondissements inattendus. Signé par la JS Kabylie (JSK) à l’été 2024, Tahraoui a rapidement été au centre d’une vive controverse, impliquant plusieurs clubs et laissant place à un débat passionné sur la gestion des contrats dans le football local.
Alors qu’il semblait libre de tout engagement, Tahraoui s’est engagé avec la JSK pour ce qui devait être une nouvelle étape dans sa carrière. Cependant, cette signature a provoqué un tollé du côté de son ancien club, l’USM Blida (USMB). Le président de l’USMB a affirmé que Tahraoui était toujours sous contrat avec son équipe, évoquant une cession préalable de l’ASO Chlef à Blida pour une durée de deux ans et demi.
Selon lui, cette transaction était assortie d’une somme importante, avoisinant 1,25 milliard de centimes algériens (138 500 euros), considéré à l’époque comme l’une des sommes les plus conséquentes dans le football algérien. Pourtant, Tahraoui et la JSK ont maintenu qu’il était libre de tout engagement, ouvrant ainsi la porte à son transfert.
Les déclarations du président de l’ASO Chlef, Abdelkrim Medouar, ont envenimé la situation. Lors d’un forum médiatique, il a publiquement dénoncé le comportement de Tahraoui, qualifiant ses actions de « déshonorantes ».
Tahraoui nous a mis dans une situation délicate vis-à-vis de nos partenaires blidéens et kabyles.
Selon Medouar, toute tentative de qualification de Tahraoui avec la JSK serait vouée à l’échec sans un accord préalable avec Blida.
Medouar a même fixé les conditions de cette résolution :
Nous sommes ouverts à un règlement à l’amiable, mais la balle est dans le camp de la JSK. Sans cela, Tahraoui ne jouera pas.
Il a aussi souligné que la somme offerte par Blida pour acquérir le joueur, qualifiée de « faramineuse », devait être respectée.
De son côté, la JSK est restée confiante dans sa capacité à qualifier le joueur. Tahraoui a poursuivi les entraînements normalement avec l’équipe, laissant planer l’idée que le club kabyle avait des éléments solides pour défendre sa position. Cependant, les tractations juridiques ne faisaient que commencer. Le Syndicat national des footballeurs professionnels (SNFP) a été saisi pour trancher ce différend, tandis que les instances sportives nationales tentaient de clarifier la situation.
En fin de compte, Tahraoui n’a pas pu évoluer sous les couleurs des Canaris, malgré le fait qu’il ait passé toute la présaison avec ces derniers. Il a rejoint, à contrecœur, l’USM Blida avant le début officiel de la saison. Ironie du sort, ce transfert est considéré comme un véritable flop, et les supporters ont été extrêmement déçu par la nouvelle recrue, qui n’aura marqué aucun but.
L’affaire Tahraoui met en lumière un problème récurrent dans le football algérien : la gestion chaotique des contrats et des transferts. Entre documents légalisés à la dernière minute, clauses floues et absence de communication transparente entre les clubs, ce litige illustre les failles administratives qui peuvent ternir la carrière des joueurs et nuire à la réputation des équipes impliquées.
Ainsi, l’histoire de Tahraoui n’est pas seulement celle d’un joueur pris au cœur d’un imbroglio, mais également un miroir des dysfonctionnements structurels du football algérien, et qui avait fait couler énormément d’encre à son époque en Algérie.
N’hésitez pas à lire les articles de notre série #HistoiresAfrique , notamment le Top 5 des transferts les plus marquants de joueurs algériens .