Comme dans un conte de fée, Bassidy Sanogo, 16 ans, a quitté seul son pays natal pour une aventure ambiguë, traversant le désert du Sahara, la mer Méditerranée jusqu’à sur les rives de Livourne en Italie. Il n’avait que 15 ans à l’époque. Sur place, ce jeune prodige étale son talent de footballeur et s’engage dans la foulée avec la Fiorentina, un club avec lequel il évolue désormais dans la catégorie des U17. Dans cet entretien accordé à Africafoot, le natif de Bamako revient sur son si long voyage. Il nous évoque également ses grandes ambitions.
Entretien !
Vous êtes un jeune joueur talentueux, qui connaît une histoire particulière. Racontez votre voyage vers l’Europe ?
Je remercie Dieu, de m’avoir permis d’effectuer ce voyage si dur, si pénible et si indécis. Mais, la situation m’obligeait comme beaucoup d’autres à prendre ce risque, avec l’espoir d’avoir une vie meilleure. J’ai quitté seul mon pays natal le Mali où je vivais avec mes parents à Djelibougou (un quartier de Bamako, Ndlr). Nous avons pris la route du désert pour les côtes libyennes. À partir de là-bas, nous avons pris un bateau pour la traversée. Après un long voyage dangereux, nous avons réussi à nous rendre en Italie où il a trouvé refuge dans une maison familiale à Livourne.
Beaucoup se posent la question, pourquoi prendre tant de risques pour réaliser son rêve. Est-ce que les parents étaient déjà d’accord de votre décision ?
Mon rêve était de devenir footballeur, j’ai pris alors cette décision de me rendre en Europe par la voie terrestre, sachant bien tout le risque de cette aventure. Il faut dire que tous mes parents étaient au courant, même s’ils n’étaient pas tous du même avis, d’autant plus que beaucoup d’entre eux ne savaient pas les risques. Un si long voyage, difficile d’en parler… Il y a beaucoup de choses qu’on ne peut même pas dire, tellement qu’elles sont affreuses. Mais, je remercie Dieu de m’avoir guidé jusqu’ici en Italie. Aujourd’hui, je rends grâce à Dieu et je remercie mes parents. Je leur demande tout simplement de continuer à prier pour moi, le meilleur reste à venir. Je recommence à vivre à nouveau, avec l’espoir de gagner dignement ma vie.
Comment s’est passé votre passage de la Méditerranée ?
L’histoire de mon voyage, c’est très long à expliquer. Il faut dire que la traversée de la Méditerranée à été effroyable, puisqu’on avait la peur au ventre tout le trajet, sachant bien que d’autres navires ont chaviré. On priait et demandait la protection de Dieu, pour pouvoir atteindre la côte italienne.
C’est à mon arrivée en Italie, que j’ai vraiment réalisé que ce que je venais de faire, sort complètement de l’ordinaire. C’était très risqué, mais l’essentiel était d’arriver à bon port. Maintenant, je dois penser à ma carrière de footballeur et réaliser mon rêve.
Les parents doivent être certainement soulagés d’apprendre que vous êtes arrivé sain et sauf ?
Effectivement, tout le monde a été heureux d’apprendre que je suis bien arrivé en Italie et en bonne santé. Aujourd’hui, je suis en contact avec eux. Nous communiquons tous les jours via les réseaux sociaux. On s’appelle et on se donne des nouvelles tous les jours et ça fait vraiment plaisir. Même s’ils me manquent beaucoup, j’essaie très encore plus fort. Je suis à la fois loin, mais aussi près d’eux.
Comme on dit « aux âmes bien nées la valeur n’attend point le nombre des années ». À votre arrivée, votre talent a été très rapidement découvert par les recruteurs de la Fiorentina et vous avez signé un contrat dans la foulée. Un conte de fée n’est-ce pas ?
À mon arrivée en Italie, j’ai été placé dans une famille d’accueil comme étant un mineur (il n’avait que 15 ans, Ndlr). Mon tuteur a su que j’aimais beaucoup le football. Un jour, il m’a amené dans un club de la ville. J’ai alors commencé à m’entraîner avec les garçons de Livourne jusqu’à ce que je sois repéré par les recruteurs de la Fiorentina. Je me suis alors engagé avec cette formation.
Depuis, j’évolue à la Fiorentina, avec l’espoir de signer bientôt mon premier contrat professionnel. Aujourd’hui ça va…. Je joue régulièrement, je marque des buts et je me fais des amis. J’ai trouvé une famille ici et des gens qui m’aiment aussi.
Vous réalisez un très bon début avec les U17 avec 5 buts marqués et 1 passe décisive en 15 matchs. Qu’est-ce qui explique cette rapide adaptation du football italien ?
Oui, c’est vrai. Je me suis très rapidement adapté à leur footballeur depuis mon premier tournoi avec eux. J’ai remporté le prix de meilleur buteur avec 6 réalisations. Sincèrement, ça m’a rehaussé le moral. Je suis quelqu’un de très sérieux dans le travail, puisque je sais d’où je viens. Je viens de très loin et je veux aller encore très loin dans ma carrière de footballeur. Je veux jouer au plus haut niveau du football mondial, écrire ma propre histoire. Le chemin est encore long et parsemé d’embuche, mais je crois en mon étoile. J’espère pouvoir atteindre tous mes objectifs, s’il plaît à Dieu.
Est-ce que d’autres clubs s’intéressent toujours à votre profil ?
Évidemment, beaucoup de grands clubs sont intéressés par mon profil… Il y a aussi des clubs en Italie, comme l’Atalanta Bergame, Pisa, Empoli, Tau, Cascina… Mais, j’ai décidé de continuer avec la Fiorentina, qui est également un grand club. Je me sens bien ici et je progresse. Je suis bien entouré par des éducateurs, qui s’occupent véritablement de moi, comme si j’étais leur propre enfant. Je ne cesserai jamais de remercier Dieu, de m’avoir guidé les pas et je demande à mes parents de continuer à prier pour moi. Tout ira bien Inch’Allah.
Quel est désormais votre plus grand rêve dans la vie ?
Mon plus grand rêve, c’est d’abord de signer mon premier contrat professionnel à la Fiorentina ou ailleurs. Mais, je voudrais faire mes grands débuts à la Fiorentina, qui m’a permis de pouvoir réaliser tout ce que j’ai pu faire depuis mon arrivée en Italie. Je voudrais remporter des trophées majeurs, collectifs comme individuels.
Être considéré dans les années à venir comme l’un des meilleurs joueurs au monde et pouvoir rendre fier ma famille, le Mali et toute l’Afrique. Mais, je rêve de jouer aussi sous les couleurs du Real Madrid.
Pensez-vous défendre un jour les couleurs du Mali, votre pays d’origine ?
Bien évidemment. L’Équipe nationale du Mali, est un rêve pour moi. Mais, il faut que je continue de bosser très dur, pour pouvoir y parvenir. nous savons que le Mali dispose aujourd’hui de nombreux talents à l’étranger et surtout dans les grands championnats européens. Je serais très heureux de commencer déjà ma carrière internationale avec les sélections de jeunes et montrer tout mon potentiel. Je veux aider mon pays à remporter des trophées et être parmi les grandes nations du football mondial.