Ancien footballeur international gabonais, Adolphe Hugues Mvoule-Nzé a été sélectionné à neuf reprises avec les Panthères du Gabon sous l’ère Alain Giresse, alors qu’il évoluait en France, notamment à Carquefou. Aujourd’hui reconverti avec succès, l’ex-milieu défensif met son expérience au service du football en tant qu’agent de joueurs. Fort d’un réseau solide, aussi bien en Afrique qu’en Europe, il se positionne comme un acteur clé du management sportif.
Dans cet entretien exclusif accordé à Africafoot, dans le cadre de la série d’articles #ParoleAuxAgents, Hugues Mvoule-Nzé évoque son parcours.
Bonjour Hugues Mvoule-Nzé, vous êtes aujourd’hui agent de footballeurs. Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de votre expérience dans ce domaine ?
Bonjour à vous ! C’est un réel plaisir de répondre à vos questions. Je suis agent de joueurs depuis quelques années, après avoir moi-même évolué sur les terrains en tant qu’international gabonais. Mon rôle ? Être un trait d’union entre les clubs, les joueurs et leurs familles. Je m’occupe de tout : contrats, négociations, image, développement personnel… J’ai débuté au Gabon avant d’élargir mon réseau à l’Europe. Grâce à Dieu, j’ai aujourd’hui un carnet d’adresses bien fourni, fruit de nombreuses années de travail et d’apprentissage. Mon approche marie parfaitement expertise locale et vision internationale.
Les périodes de transferts sont souvent intenses. Comment gérez-vous ces moments ?
(Rires) Un savant mélange de stress, de stratégie… et de patience ! Le mercato, c’est 10 % d’action, 90 % d’attente. J’analyse les besoins des clubs, j’anticipe les mouvements et je reste à l’affût des opportunités. Par exemple, un changement d’entraîneur peut créer une brèche à exploiter. Je reste aussi en contact permanent avec mes joueurs pour gérer au mieux leurs attentes. Avec la montée en puissance des réseaux sociaux, une simple rumeur peut tout faire basculer en 24 ou 48 heures. Mon conseil ? Avoir toujours des dossiers prêts (statistiques, vidéos) et entretenir un réseau solide.
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Accompagnez-vous actuellement des joueurs gabonais ?
Oui, bien sûr. J’en suis six actuellement. Je privilégie la qualité à la quantité. Mieux vaut bien suivre six joueurs que d’en gérer trente de manière approximative. Certains agents accumulent les profils, moi je préfère un accompagnement personnalisé — la carrière est courte, chaque choix compte. Mon objectif est de monter progressivement à une quinzaine, voire vingt joueurs maximum.
Votre métier n’est pas toujours de tout repos, n’est-ce pas ?
(Rires) Non, clairement pas ! Il y a de nombreux défis : les retards de paiement de certains clubs, notamment en Afrique, l’influence parfois trop marquée des familles — comme un père qui exige un salaire irréaliste — ou encore le manque de transparence de certains joueurs. Il faut aussi faire face à la concurrence déloyale : des personnes qui promettent monts et merveilles sans rien de concret.
La gestion psychologique est cruciale. Un joueur peut perdre confiance après une blessure, un transfert raté ou un manque de temps de jeu. Mais ce qui me touche le plus, c’est de voir un talent gâché par de mauvais choix. C’est pourquoi je mise sur l’honnêteté et un accompagnement éclairé. Le métier de footballeur est particulier, ultra-concurrentiel, exigeant… mais passionnant. Et c’est ce défi qui me motive chaque jour.
Auriez-vous une anecdote marquante à partager ?
Oui, une en particulier me vient à l’esprit. Un de mes jeunes, un attaquant gabonais de 18 ans, devait signer dans un club de Ligue 2 en France. Tout était prêt, le contrat aussi. Puis, un agent a contacté le club en prétendant avoir un mandat de représentation signé en 2020. Or, ces contrats sont valables deux ans. Nous étions en 2024… Mais cet appel a semé le doute. Le président du club m’a alors recontacté pour me dire que cette intervention remettait en cause notre collaboration. Résultat : le dossier a été abandonné, et le joueur se retrouve aujourd’hui sans club.
Je ne lui en veux pas. L’erreur est humaine. Je suis même prêt à lui tendre la main à nouveau. Cela fait aussi partie de mon rôle. La leçon à retenir, c’est que dans notre contexte africain, le football est aussi une affaire de cœur.
Un dernier mot pour vos confrères agents ?
Oui. À mes collègues, je dirais : soyez plus qu’un simple intermédiaire. Soyez aussi un conseiller, un psychologue, parfois même une figure paternelle. Le monde du football va très vite, mais la confiance se construit sur la durée. Et surtout… gardez toujours le numéro d’un président de club à portée de main !
Merci Hugues Mvoule-Nzé pour votre disponibilité. Nous vous souhaitons une excellente continuation.
Merci à vous pour cette belle interview !
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