Dans un milieu où l’athlète est au centre des projets, surtout la gestion de son image, l’agent de footballeur arrive à se frayer un chemin et être un point majeur dans la carrière d’un joueur de football.
Être agent de joueur est un métier à part entière. En Afrique, ce secteur est en plein essor. Au Gabon, nombreux sont ceux qui ont choisi de se consacrer à la gestion de carrière des athlètes.
Dans le cadre de notre nouvelle série d’articles #ParoleAuxAgents, Djally Tchumbi, agent de joueurs, nous parle de son expérience dans ce milieu réservé aux initiés du football à qui ils ont voué toute leur vie. Interviewé sur son vécu en tant qu’agent de footballeurs, le Gabonais parle à cœur ouvert à Africafoot.
Djally Tchumbi, pourriez-vous nous parler un peu de vous et de vos débuts comme agent de joueurs ?
Avant toute chose, je tiens à remercier votre plateforme de communication qui me donne aujourd’hui l’occasion de pouvoir m’exprimer sur ma profession d’agent sportif. Je suis ancien footballeur amateur gabonais et je suis cuisinier de formation. Après avoir mis un terme à ma carrière de footballeur amateur, j’ai toujours voulu rester dans le monde du football. Alors, ma reconversion en tant qu’agent s’est passée tout naturellement.
En 2017, je me suis jeté dans le grand bain. Au début, j’ai commencé à prospecter des club gabonais mais j’ai remarqué que le mode de recrutement au Gabon n’était pas très développé. Les clubs travaillent sans avoir besoin de cellules de recrutement.
Alors, j’ai commencé à étendre mon carnet d’adresses au delà de nos frontières. J’ai créé une société de management sportif, TChUMB’S Consulting, spécialisé dans le placement de joueurs et d’entraîneurs, mais aussi l’organisation d’événements sportifs. Je suis détenteur d’un certificat d’analyse vidéo et d’un autre certificat en stratégie de marketing du sport, en gestion financière des organisations sportives, en communication et relations publiques dans le sport, et en droit du sport et gestion de la conformité.
Pour ce qui concerne mes débuts, le 19 janvier 2019, j’ai fait mon premier deal avec un club en transférant l’international gabonais Cédric Ondo Biyoghé pour l’AS Vita Club, en RDC. Mais mon plus gros transfert reste celui de Djigui Diarra, le gardien de but international malien, pour qui j’ai travaillé en le transférant du Stade Malien aux Young Africans de Tanzanie.
Comment se passent généralement les mercatos pour vous ?
C’est la routine chaque mercato. Déjà, il faut regarder les différents championnats et les clubs avec lesquels vous travaillez pour connaître les besoins de ces derniers, mais aussi avoir un bon relationnel avec ces équipes. Pour moi ça a été un peu compliqué. 2 ans sans championnat au Gabon fait en sorte que je place très peu de joueurs, car ils ne sont pas compétitifs.
À l’approche de chaque mercato, je prépare des dossiers des profils que je souhaite proposer aux différents clubs et je rentre en discussion avec les dirigeants de ces clubs dans le cas où les profils seraient intéressants pour eux.
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Vous avez combien de joueurs dans votre escarcelle ?
Actuellement, j’ai officiellement 3 joueurs gabonais qui sont sous contrat avec ma société. Mais il y a plusieurs joueurs et entraîneurs avec lesquels je travaille sous mandat. Exemple Saturnin Ibela, que j’ai déjà transféré au Djoliba AC et au Loto Popo FC.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?
Les difficultés rencontrées sont multiples. Parfois certains joueurs ne sont pas honnêtes avec vous, mais le plus grave dans l’ADN des footballeurs gabonais, vous pouvez constater que 90% n’ont pas de passeport ni de vidéo et c’est pas facile de parler d’un joueur à un club sans avoir de support vidéo pour présenter les profils.
Peut-on avoir une anecdote de votre part concernant un de vos joueurs dont vous gérez la carrière ?
Alors que je négociais le transfert de Djigui Diarra du Stade Malien pour Young Africans, un autre agent le faisait aussi mais pour le transférer à Moroka Swallow, en Afrique du Sud. Puis, j’ai conclu le transfert avec le club tanzanien en ignorant que le joueur était déjà en Afrique du Sud pour un essai.
Le club tanzanien avait envoyé nos billets pour aller officialiser la signature sur place à Dar es Salam. Je suis arrivé un jour avant le joueur et il a arrêté les entraînements avec le club sud-africain pour me rejoindre en Tanzanie où il n’avait pas besoin de faire d’essai, car la cellule recrutement avait bien travaillé sur lui.
Imaginons s’il n’était pas venu me retrouver, je devais rembourser les dépenses que le club avait effectuées, notamment les billets d’avion, le visa ainsi que les chambres d’hôtel, etc. C’est un joueur que j’avais jamais vu en face avant, nous avons juste travaillé au téléphone et on s’est rencontré la première fois en Tanzanie pour son transfert.
Merci beaucoup Djally Tchumbi pour vos réponses
C’est moi qui vous remercie pour votre geste. Un geste qui est très symbolique et surtout un premier pas vers la reconnaissance du métier d’agent de footballeurs au Gabon.
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