L’ailier international malien Ibrahima Tandia (30 ans), s’était engagé en faveur d’Al Ahli Tripoli, avec l’objectif de participer à la Ligue des Champions CAF. Cependant, son séjour libyen a été d’une courte durée, puisqu’il a été obligé de résilier son contrat après l’élimination de son équipe. Mais, aussi en raison du non-paiement de salaire. Aujourd’hui, il évolue sous les couleurs d’Al Qadsia au Koweït où il commence d’ailleurs à retrouver ses sensations. En 4 matchs joués, il a déjà marqué 2 buts dans le championnat. Son objectif est d’être couronné cette saison avec Al Qadsia.
Entretien
Vous évoluez depuis quelques mois du côté du Koweït, qu’est-ce qui explique ce départ rapide de la Libye ?
J’avais déjà fait 3 ans en Arabie Saoudite, dont une année en Ligue 1 et fini deux fois champion en Ligue 2. Donc, j’étais financièrement bien, je voulais connaître de nouvelles choses sur plan sportif. En Libye, on avait l’occasion de disputer la Ligue des Champions CAF, c’est ce qui m’avait motivé à signer là-bas. Mais, les choses ne sont pas passées comme prévu. J’ai raté le penalty de la qualification pour la Ligue des Champions africaine. Après, ce n’était pas facile mentalement. Donc, le fait de jouer uniquement que dans le championnat libyen ne m’intéressait pas. Mais, il y a aussi les non-paiements de salaire, qui m’ont poussé à partir.
Vous êtes un joueur qui a connu beaucoup de pays au cours de votre carrière, notamment la France, l’Espagne, la Roumanie, l’Arabie Saoudite, la Tunisie, la Libye et maintenant le Koweït. Qu’est-ce qui vous a marqué lors de ces différents séjours ?
Je pense que ma carrière a pris un tournant au moment où j’ai quitté la France pour la Roumanie. Le fait de me retrouver seul et de travailler pour pouvoir atteindre mes objectifs, sans distraction avec l’entourage, c’est ce qui m’a poussé moi-même à me poser les bonnes questions et travailler durement. C’est d’ailleurs mes prestations en Roumanie, qui m’ont valu ma première sélection avec le Mali. Ça a été une grande expérience pour moi, en tant que joueur, de découvrir tous ces pays.
Ibrahima Tandia était promis à un bel avenir footballistique, à tel point qu’il était au moment sur les tablettes des grosses cylindrées comme Arsenal, Chelsea ou l’Olympique de Marseille, alors qu’il n’avait que 17 ans à l’époque. Pensez-vous avoir souvent fait de mauvais choix pour votre progression ?
C’est vrai qu’on m’avait prédit un avenir avec plus de reconnaissance footballistique. Je pense que mes erreurs me servent de leçon aujourd’hui et si c’était à refaire je ferais les mêmes choix. J’ai signé mon premier contrat pro à 17 ans, ce qui était très rare à l’époque. Après cela, j’étais plus dans l’optique de m’amuser, que de commencer à travailler. Je pense que c’est dû aux années de formation que j’ai connues étant plus jeune et le fait de quitter sa famille et ses amis. Il manque une partie de ma vie en moi, que j’ai voulu rattraper. En restant enfermé dans un centre de formation pendant 5 ans, ce n’est pas facile. Donc quand tu te retrouves à 17 ans avec une maison et un salaire assez conséquent, il y a beaucoup de tentation.
Vous étiez parvenu à relancer complètement votre carrière en Roumanie et au moment où tout le monde pensait que vous alliez rejoindre un championnat plus huppé, vous avez finalement décidé d’aller en Arabie Saoudite. Qu’est-ce qui explique cela ?
Après la Roumanie, j’avais des propositions en Europe. Oui, c’était un choix personnel. Les gens de mon entourage m’ont dit de choisir l’Europe, mais je savais de quoi j’avais besoin pour moi et ma famille. Avant de signer en Roumanie, j’avais déjà cet objectif. Me relancer en Roumanie et ensuite aller pour l’Arabie Saoudite, car j’avais entendu qu’en ce moment-là les Saoudiens suivaient les championnat de l’Est. C’est ce que j’ai réalisé grâce à Dieu et j’en suis très fier. L’Arabie Saoudite était déjà en grand développement et les contrats qu’ils proposaient étaient énormes. En plus, être dans un pays musulman pour moi et ma famille, je pense que ça été le meilleur choix possible.
Vous êtes l’un des rares joueurs nés en France à avoir joué dans deux championnats différents en Afrique. Comment jugez-vous le niveau de ces championnats, notamment la Tunisie et la Libye ?
Les championnats de Libye et de la Tunisie ne sont pas simples. C’est des championnats très difficiles, tu arrives comme un étranger, entouré d’un personnel qui parle la même langue. Des gens qui se connaissent et tu dois te battre pour trouver ta place. Ce sont les championnats les plus agressifs au monde. Là-bas, on ne joue pas pour gagner, mais on joue pour la survie. Je pense que ça m’a beaucoup aidé en termes de grinta.
Quels sont les meilleurs et les pires moments de votre carrière de footballeur professionnel ?
Je pense que le meilleur moment est quand j’ai signé en Arabie Saoudite. Je suis arrivé à l’hôtel, j’ai posé mes bagages et je me suis assis dans le lit. C’était un grand soulagement avec toute la galère que j’avais connu auparavant dans ma carrière footballistique. L’un des pires moments, je pense qu’il y en a beaucoup. J’ai été blessé pendant 1 an et demi sans club. Ce n’était pas facile, surtout le regard des gens. Mais, cela m’a permis de me poser les bonnes questions, pour savoir qui est là pour m’aider, qui me soutient et qui est là juste pour le buzz ou pour l’argent. J’ai su faire un tri.
Avez-vous des projets futuristes pour votre pays, le Mali, que ce soit sur le plan sportif ou humanitaire dans les zones défavorisées ?
J’aimerais bien aider l’Afrique. Toutes mes vacances, je vais au Mali . Oui, j’ai des projets, mais on en reparlera plus tard Insh’Allah. Pour le moment, je me concentre sur ma carrière professionnelle.
Comment se passe votre séjour au Koweït avec Al Qadsia et quels sont vos objectifs ?
Actuellement, je suis au Koweït depuis le mois de décembre dernier. Tout se passe bien au niveau personnel. J’ai mis 8 buts et offert 5 passes décisives les 6 derniers mois. Cette année, nous avons le plus grand club du pays. L’objectif est de remporter le titre de champion. Ce qui nous permettra de disputer la Ligue des Champions asiatique, la saison prochaine.
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur l’Équipe nationale du Mali ?
Je vois l’Équipe du Mali avec de bonnes individualités, qu’il faudrait qu’on mette en coordination pour avoir un bon collectif et aussi jouer pour gagner. Nous devons représenter avec fierté nos couleurs nationales et montrer aux autres que nous sommes le Mali. Nous avons trop souffert et on s’est trop foutu de nous. Je pense que la mentalité doit être ainsi. nous devons représenter dignement le peuple et faire « la guerre » pour le peuple. En un mot montrer le côté positif du Mali.
Par Bréhima DIAKITÉ