L’Académie Génération Foot a remporté son troisième titre de champion du Sénégal, à deux journées de la fin de la saison.
GF sera le représentant du Sénégal en Ligue africaine des champions avec l’ambition d’aller le plus loin possible malgré les nombreux départs que le club va enregistrer a l’issue de la saison en cours.
Talla Fall, bras droit du président de l’académie Génération Foot, par ailleurs responsable du pôle communication de l’académie basée à DeniBirane Ndao (région de Dakar) nous a accordé une interview.
Comment définissez-vous votre académie ?
Génération Foot est une académie qui a su travailler en respectant une feuille de route qui consiste à former des hommes. Ça n’a pas été évident mais nous nous sommes donnés les moyens de le faire. Mais puisqu’on avait une feuille de route, on devait juste la suivre pour arriver à bon port. Aujourd’hui, on a un bilan à mi-parcours plus ou moins satisfaisant parce que le projet dans son ensemble n’est pas encore bouclé à 100%. Il y’a des choses à améliorer, des infrastructures à réaliser, et sur le plan de la formation nous avons également beaucoup de choses à faire.
En mars 2019, vous avez inauguré votre lycée, situé au sein de vos installations. Quelle place occupent les études dans votre politique de formation ?
Au début ce n’était pas évident de pouvoir allier les études et le sport. Et notre pari c’était de pouvoir réussir ce coup. Cette saison nous avons eu 100% de réussite au baccalauréat. Nous avions huit et ils ont tous obtenu l’examen. Donc pour dire que nous sommes satisfaits de ce que nous faisons actuellement. Il n’y a pas de travail parfait. Mais nous tendons vers ça.
Nous sommes allés étape par étape dans la mise en place de ce projet. En créant ce lycée, nous voulions faire comprendre à l’opinion qu’on peut réussir dans le football et dans les études en même temps. Notre inquiétude c’est surtout que le jeune passé à Génération Foot et qui, à cause d’une blessure ou par manque de chance ,n’ait pas une carrière à la hauteur de son talent et échoue dans sa vie. C’est pourquoi nous mettons l’accent sur les études pour qu’au moins les jeunes puissent avoir une bonne carrière dans la vie professionnelle. Pour réussir tout ça, on devait juste mettre les garçons dans de bonnes conditions.
Avec le digital, les jeunes parviennent à suivre correctement les cours tout en respectant les programmes à l’entrainement. C’est le moment de féliciter tout le staff, les encadreur et surtout la direction générale, en sa tête Mady Toure qui se démêle tous les jours pour que GF soit un endroit idéal pour l’excellence.
Comment financez-vous tous vos programmes ?
(silence) C’est en faisant parfois des sacrifices. Nous identifions d’abord les priorités puis nous nous donnons les moyens de les réaliser. GF a un gros budget de fonctionnement aujourd’hui. Nous avons lancé ce projet avec un budget de 4 500 euros. De cette somme, nous sommes passés à 9 500 euros jusqu’à ce qu’on arrive à ce stade du projet.
Nous avons pu décrocher un partenariat win win avec le FC Metz. Grâce à ce partenariat, plusieurs de nos pensionnaires ont poursuivi leur formation et ont débuté leur carrière professionnelle chez les Grenats. Je ne vais pas vous donner des chiffres (rire), mais nous avons un gros budget et naturellement nous avons aussi des rentrées d’argent pour financer aujourd’hui le projet.
Comment l’Académie a-t-elle grandi en 5-10 ans ?
C’est le fruit d’un long processus, de travail et d’abnégation. Aujourd’hui nous avons mis l’institution au-dessus de tout. Même s’il y’a un président qui coiffe tout le monde, il a le staff avec lequel il travaille. Et le mérite revient à tous ces personnes qui se donnent matin midi et soir pour placer Génération Foot parmi les meilleurs.
Nous avons toujours privilégié ici le travail, la rigueur et la discipline. Nous inculquons les mêmes valeurs aux jeunes de l’Académie. Tout ça, réuni, a fait de Génération Foot ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Si aujourd’hui on a réussi à avoir de bons joueurs, c’est parce qu’on les a mis dans les bonnes conditions. C’est de notre responsabilité que les gamins qui sont ici se sentent chez eux. Qu’ils ne manquent de rien.
Nous prenons des jeunes a l’âge de 13 ans. On les considère comme nos propres enfants. C’est pourquoi nous sommes très rigoureux avec eux. Nous voulons qu’ils réussissent de la même manière que nous le voulons pour nos propres enfants.
Et justement cette saison, vous avez perdu des cadres de votre équipe (Lamine Camara, Papa Amadou Diallo et Malick Mbaye). Vous êtes tout de même leader du championnat. Qu’est ce qui peut expliquer cette réussite tant sur le plan sportif que sur le plan financier ?
Chez nous, le joueur est prioritaire. La preuve, nous n’avons pas reçu un franc de tous les joueurs qui ont quitté le club cette année. Pourquoi ? Parce que nous avons renoncé à l’indemnité de formation qui est de 310 000 euros (203 millions de francs CFA environ) par joueur. J’insiste beaucoup la dessus parce que les gens se font des idées dès qu’ils entendent parler de départ d’un joueur de Génération Foot vers l’étranger.
Ensuite, on renonce à l’indemnité de transfert qui est calculé de 0 à X et on met une convention en demandant une indemnité à la revente du joueur. Donc c’est le joueur qui va avoir de l’argent et qui, à la revente, va nous apporter de l’argent. Mais ce n’est jamais évident. Parce que le garçon peut arriver là-bas et passer à coté. C’est nous qui perdons. Parce qu’on fait tout pour ces jeunes. Y’en a qui arrivent ici à l’âge de 13 ans donc ils grandissent ici.
Mais à un moment donné, on ne peut plus les garder. Mieux vaut, pour l’intérêt du joueur, qu’on le laisse partir sans rien demander que de le garder ici à cause d’indemnités ou autre.
Je peux vous citer Cheikhou Oumar Ndiaye, Djibril Diarra, Pape Mamadou (tous transférés au FC Seraing à la fin de la saison et ndlr) ce sont des garçons qui nous ont valu énormément de satisfactions. Ils n’aspirent qu’à devenir de grands joueurs professionnels, il faudra, à un moment donné, les laisser partir. Pour certains, ils ont déjà fait 5 à 6 ans à Génération Foot. On ne va pas les retenir parce que soi-disant on a des ambitions. C’est la fin d’un cycle.
Il faut qu’on lance d’autres jeunes parce que tant que ces joueurs, que je viens de citer et d’autres de l’équipe première, sont là, les jeunes n’auront jamais leur chance. Nous avons un vivier énorme de joueurs. Des jeunes qui toquent à la porte avec insistance.
Il y a l’équipe qui a remporté le tournoi au Maroc. Celle qui a participé au tournoi de Zurich. Des U16, des U17, des U18 vont prendre le relais. Nous aurons une équipe compétitive la saison prochaine. C’est ça aussi une académie. C’est qu’à chaque fois qu’une génération part, qu’il y ait une catégorie inférieure capable de porter l’équipe.
Vous êtes champion du Sénégal. Vous allez représenter le Sénégal en Ligue des champions. Est-ce qu’avec ces départs, vos chances ne sont pas réduites ?
Comme je le disais plus haut, nous avons une bonne relève. Des joueurs capables de rivaliser avec les grands clubs africains. On ne va jamais y aller en victime expiatoire. A l’époque, quand on jouait contre les grandes équipes africaines, tout le monde nous donnait perdants parce que nos joueurs étaient trop petits.
On va faire avec ce qu’on a et essayer de voir avec les recrutements qu’on va faire. Il y aura des stages de détection, on a encore des garçons qui sont là et qui tapent déjà à la porte de l’équipe première. C’est normal que les gens se soucient de nos ambitions africaines. Mais je vous rassure, on a toujours eu l’ambition d’aller le plus loin possible dans les compétitions africaines et même aller en Coupe du monde des clubs.
Dans le cadre de votre partenariat avec le FC Metz, vous envoyez chaque saison vos meilleurs éléments en Moselle. Cette année, d’autres sont envoyés en Belgique et deux sont annoncés au TP Mazembe. Peut-on parler d’ouverture de Génération Foot ?
Bien sûr. Aujourd’hui nous avons deux joueurs à savoir Jean Louis Barthelemy Diouf et Mor Talla Mbaye qui vont rejoindre le TP Mazembe. Souleymane Basse signe à Valenciennes. Nous sommes obligés de nous ouvrir aux autres clubs parce que tout le monde ne peut aller au FC Metz.
Chaque année c’est plusieurs joueurs qui sont sur le départ. Pour donner à tout le monde une chance de signer à l’étranger, on sera obligé de travailler avec d’autres clubs. Je suis très content qu’un jeune comme Souleymane Basse ait signé à Valenciennes. Il va évoluer en Ligue 2 et sera titulaire à son poste. Il le mérite largement au regard de son talent et de son professionnalisme. Tout comme les autres qui ont rejoint le FC Metz ou le FC Seraing.
Prévoyez-vous d’ouvrir quelque chose dans d’autres pays ?
C’est l’ambition de Génération Foot. Mais aujourd’hui nous avons des partenaires un peu partout. Nous sommes en collaboration avec Génération Foot 224, en Guinée. Nous avons des correspondants dans d’autres pays. Notre ambition c’est justement d’ouvrir d’autres Génération Foot dans d’autres pays du continent.