Ancien pensionnaire de l’Académie, Pape Birane Diagne a vu sa carrière de footballeur s’interrompre brutalement à cause d’une blessure aux ligaments croisés. Aujourd’hui, il occupe le poste de responsable administratif de l’Institut Diambars, une académie de football ultra-moderne située à Saly, à Mbour, à 87 kilomètres de Dakar.
Dans cet entretien accordé à Africafoot, qui s’inscrit dans le cadre de la série d’articles #EspoirsAfrique, il nous fait découvrir cette structure de référence qui a formé de nombreux talents, contribuant notamment au premier sacre du Sénégal en Coupe d’Afrique des Nations en 2022. Parmi ces joueurs figurent Idrissa Gana Gueye, Saliou Ciss, Joseph Romeric Lopy et Bamba Dieng.
Pouvez-vous nous parler de l’histoire de l’Institut Diambars ?
L’Institut Diambars a été fondé en 2003. La première promotion a intégré l’académie le 1er novembre de la même année, regroupant des jeunes nés entre 1989 et 1990. Ce centre a vu le jour grâce à l’initiative du Président Saër Seck, accompagné de figures emblématiques comme Jimmy Adjovi-Boco, Bernard Lama et Patrick Vieira.
À ses débuts, la structure pouvait accueillir 32 pensionnaires. Aujourd’hui, elle est devenue un acteur incontournable du football africain, formant des centaines de talents chaque année grâce à ses éducateurs expérimentés. L’Institut comprend une section sport-études et une équipe professionnelle évoluant actuellement en deuxième division sénégalaise. Par ailleurs, nous avons remporté le championnat de la Ligue 1 sénégalaise en 2013.
En 2019, nous avons signé un partenariat stratégique avec l’Olympique de Marseille, donnant à ce dernier une option prioritaire sur deux joueurs du centre chaque saison.
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Beaucoup de joueurs passés par l’Institut ont marqué l’histoire du football sénégalais, comme Serigne Modou Kara Mbodj, Idrissa Gana Gueye, Pape Ndiaye Souaré ou Bamba Dieng. Que pouvez-vous nous dire sur leur passage au sein de l’académie ?
J’ai eu la chance de partager le terrain avec certains d’entre eux en tant que joueur. Par exemple, Kara Mbodj et moi faisions partie de la même promotion, celle des jeunes nés entre 1989, 1990 et 1991. À l’époque, nous étions répartis en deux groupes, et j’étais dans le groupe B avec Kara, Idrissa Gana Gueye, et Saliou Ciss.
Ces joueurs se distinguaient non seulement par leur talent sur le terrain, mais aussi par leur discipline et leur attitude exemplaire, ce qui leur a permis de décrocher des contrats professionnels en Europe.
Comment se déroule le recrutement des jeunes talents, et est-il ouvert à d’autres nationalités ?
Nous organisons des détections tout au long de l’année à travers le Sénégal. À ses débuts, l’académie recrutait exclusivement des Sénégalais. Aujourd’hui, elle est ouverte à toutes les nationalités.
Notre système de détection s’étend à d’autres grandes villes africaines, permettant d’identifier les meilleurs jeunes talents du continent. À l’heure actuelle, nous accueillons des joueurs originaires de Guinée-Bissau, du Mali, de Côte d’Ivoire, et même de France. Certains d’entre eux retournent ensuite en Europe après leur passage à l’Institut.
Quels sont les principaux investissements et sources de financement de l’Institut Diambars ?
Pour les chiffres précis, il faudrait s’adresser au Président Saër Seck. Ce que je peux affirmer, c’est que le fonctionnement de l’académie repose principalement sur la vente des joueurs et les partenariats avec nos sponsors.
Quels critères utilisez-vous pour choisir vos sponsors ?
Nous privilégions des partenariats « gagnant-gagnant ». En échange de visibilité pour nos partenaires, nous recevons du matériel ou des fonds, permettant à l’Institut de poursuivre ses activités.
Selon vous, qui est le meilleur joueur formé par l’Institut Diambars ?
Pour moi, Oumar Wade (ancien joueur du LOSC Lille) reste l’un des meilleurs. Bien qu’il n’ait pas eu une grande carrière professionnelle, son talent était indéniable. Malheureusement, il a rencontré des difficultés pour s’imposer en France.
Un autre exemple marquant est Aly Souleymane Ly. Nous l’avions récupéré dans la rue alors qu’il n’avait jamais été scolarisé. À l’Institut, il a appris à lire et à écrire, a décroché son baccalauréat, et est ensuite parti en France, où il est devenu ingénieur en télécommunications. Il a même écrit un livre racontant son expérience à Diambars.
Que fait Diambars pour les jeunes qui ne réussissent pas dans le football ?
Je suis un exemple concret. Après ma blessure aux ligaments croisés, j’ai pu m’appuyer sur le volet éducatif de l’Institut pour obtenir un Master. Cela m’a permis de devenir aujourd’hui le responsable administratif de l’académie.
Y a-t-il des départs prévus pour l’étranger cette année ?
Oui, plusieurs jeunes talents suscitent l’intérêt de clubs européens. Parmi eux, Yaya Diémé, international U17, ainsi que Moussa Diallo, Lassana Traoré, et Étienne Mendy, qui sont proches d’un transfert.
N’hésitez pas à lire les articles de notre série #EspoirsAfrique, notamment, Yaya Diémé, un diamant de Diambars encore à polir.