Les centres de formation au Bénin, en particulier ceux axés sur les sports comme le football, font face à de nombreux défis économiques et logistiques.
Dans le cadre de la série d’articles #EspoirsAfrique, Fadl Kabanigui Naro Assouma, Président de l’Académie Olympique Sports de Parakou (AOSP) et Secrétaire Général de l’Union Nationale des Centres et Académies des Sports du Bénin (UNaCAS-Bénin), nous explique le fonctionnement de son académie et les enjeux liés au développement des talents sportifs au Bénin.
La poche du président comme source de financement
Depuis sa transformation en centre de formation en 2019, l’AOSP connaît une gestion budgétaire en constante évolution. En 2021, le budget était de 7,6 millions de FCFA, puis il est monté à 9,4 millions en 2022, et à 11,5 millions en 2023. Toutefois, comme le souligne Fadl Kabanigui :
La principale source de financement reste la poche du Président.
En effet, l’académie bénéficie d’une subvention gouvernementale de 1 million de FCFA par an, ainsi que des cotisations des membres de l’association, mais cette aide reste insuffisante. Selon le Président :
La prise de conscience est encore trop maigre à ce niveau.
Malgré tout, la situation reste complexe pour financer pleinement les activités du centre.
Par ailleurs, le transfert des joueurs formés à l’AOSP représente l’une des principales sources de revenus potentielles pour l’académie, mais cela reste un terrain difficile. Fadl Kabanigui explique :
Très souvent, ce sont les clubs qui fixent les modalités et le coût des transferts.
Les clubs béninois préfèrent souvent recruter des joueurs étrangers, ce qui limite les opportunités pour les talents locaux. Il ironise ainsi :
Nous acceptons parfois quelques ballons en guise d’encouragement pour nos jeunes.
Cela montre les défis auxquels l’académie est confrontée pour monétiser la formation de ses joueurs.
Les partenariats : une porte d’entrée pour les joueurs locaux
Afin d’assurer des opportunités professionnelles pour ses jeunes athlètes, l’AOSP a établi des partenariats officiels avec des clubs comme les Buffles du Borgou FC et Dragon FC, les plus titrés du pays. Ces partenariats offrent une visibilité aux joueurs formés, mais aussi des débouchés concrets dans le monde professionnel. Fadl Kabanigui précise :
Nos critères de sélection pour les clubs partenaires incluent la capacité du club à former et à accompagner les joueurs, ainsi qu’à leur offrir des opportunités de carrière sérieuses.
Ces accords permettent ainsi aux jeunes talents de bénéficier d’un suivi de qualité et d’une progression dans leur carrière.
Mais, l’évaluation de la valeur d’un joueur formé à l’AOSP se fait sur la base de ses performances sportives, mais aussi en fonction de la demande des clubs. Cependant, la rentabilité reste difficile à mesurer. Le président précise :
C’est la demande qui fixe souvent le coût d’un transfert.
Les talents locaux n’étant pas toujours privilégiés par les clubs béninois, cela complique la valorisation des joueurs formés à l’académie.
En somme, les défis financiers et logistiques sont omniprésents dans la gestion d’un centre de formation au Bénin. L’académie doit jongler avec un budget limité, des infrastructures à entretenir et des frais de fonctionnement constants, notamment pour les salaires des encadreurs et l’achat de matériel sportif. Kabanigui Fadl déclare :
Les défis sont énormes, mais avec un bon sens de la gestion et une passion pour la mission, nous arrivons à nous en sortir.
Il souligne l’importance d’une gestion rigoureuse et de la collaboration avec des partenaires locaux et internationaux pour surmonter ces obstacles.
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Quid de l’accompagnement global des jeunes sportifs ?
L’AOSP ne se contente pas de former des athlètes. Elle met également un point d’honneur à accompagner ses jeunes dans leur parcours scolaire et leur développement personnel. Le centre veille à ce que chaque apprenant puisse poursuivre sa scolarité parallèlement à sa formation sportive.
Fadl Kabanigui insiste :
Nous ne formons pas uniquement des athlètes, mais aussi des citoyens responsables.
Cette approche permet d’offrir à chaque jeune les meilleures chances, aussi bien dans le sport que dans sa vie future.
En conclusion, l’Académie Olympique Sports de Parakou illustre les défis auxquels font face les centres de formation sportifs au Bénin. Bien que le modèle économique de l’académie soit encore en développement, avec des difficultés financières et une gestion des talents complexes, l’AOSP continue d’offrir des perspectives de carrière à ses jeunes athlètes.
Selon Fadl Kabanigui :
Le succès du centre dépendra de l’évolution de la culture du sport au Bénin et de l’intégration des talents locaux dans le circuit professionnel.
La route est encore longue, mais les académies de football restent un acteur clé dans la promotion des jeunes talents sportifs au Bénin.
N’hésitez pas à lire les textes de notre série #EspoirsAfrique, notamment l’article suivant : La formation football au Maroc, Christophe Dessy nous en parle.