Le travail des agents de joueurs africains reste souvent dans l’ombre, loin des projecteurs du football continental. Pourtant, leur rôle est crucial : ils façonnent le destin de nombreux jeunes talents en les aidant à franchir les étapes menant au football professionnel. Grâce à un accompagnement structuré et à une expertise stratégique, ces professionnels permettent à des joueurs prometteurs d’atteindre le sommet du football.
Parmi ces bâtisseurs silencieux, Shady Hekal se distingue. Cet agent égyptien œuvre sans relâche pour offrir des opportunités aux jeunes joueurs africains. Au fil des années, il s’est imposé comme une figure incontournable du marché, explorant les pays à fort potentiel pour dénicher des perles rares.
Dans une interview exclusive accordée à Africafoot, dans le cadre de la série ParoleAuxAgents, il dévoile les clés de son succès et les réalités du métier.
Bonjour Monsieur ! Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je m’appelle Shady Hekal, aussi connu sous le nom de Shady Elhady. Je suis agent intermédiaire de football, basé en Égypte, et j’interviens principalement dans les ligues nord-africaines. Je collabore étroitement avec des joueurs, des clubs et d’autres agents en Égypte, Tunisie, Algérie, Maroc, ainsi qu’en Afrique de l’Ouest. Ma mission : ouvrir des portes aux talents africains et accompagner les clubs dans leurs choix stratégiques.
Pourquoi avoir choisi le métier d’agent de joueurs ?
Le football est bien plus qu’une passion, c’est un véritable langage d’opportunités. J’ai choisi cette voie pour combler le fossé entre le potentiel brut des jeunes africains et les opportunités concrètes. Ce continent regorge de talents, mais ceux-ci manquent souvent de visibilité et de soutien structuré.
Comment avez-vous réussi à vous imposer dans ce milieu ?
J’ai commencé par bâtir un solide réseau en Égypte, puis j’ai étendu mes connexions à l’Afrique du Nord et de l’Ouest. La clé a été la constance, la fiabilité et ma présence sur le terrain. Être actif là où les choses se passent, et pas seulement en ligne, a renforcé ma crédibilité au fil du temps.
Quel est le secret de votre réussite ?
Il n’y a pas de raccourci : l’honnêteté, la transparence et toujours placer l’intérêt du joueur en priorité sont essentiels. Même si le marché peut être rude et parfois injuste, je privilégie les relations durables aux gains rapides. Dans ce métier, la réputation précède les résultats.
Vous travaillez avec des joueurs d’Afrique du Nord et de l’Ouest. Quelles différences observez-vous ?
Les joueurs d’Afrique du Nord bénéficient généralement d’une meilleure formation tactique grâce à des structures nationales plus développées. Ceux d’Afrique de l’Ouest se distinguent par un talent brut et une puissance physique impressionnante. Ils brillent souvent à l’étranger dès qu’on leur donne une chance. Le potentiel est immense des deux côtés, mais l’exposition et l’infrastructure font toute la différence.
Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez dans votre métier ?
Il y en a plusieurs : des incompréhensions contractuelles, des intermédiaires improvisés ou encore des changements soudains dans les politiques de clubs. Convaincre les clubs d’investir dans des jeunes talents issus de pays peu médiatisés exige du temps, de la pédagogie… et parfois de la persévérance face à l’indifférence.
Comment abordez-vous le marché des transferts ?
En étant toujours à jour, connecté et en veillant à ce que chaque joueur corresponde précisément au besoin d’un club. Comprendre les deux parties du marché est fondamental : ce que les clubs recherchent, et ce que les joueurs peuvent offrir. Le bon timing et une confiance mutuelle sont les piliers d’un transfert réussi.
Quelles sont vos ambitions à court terme en tant qu’agent ?
Je veux jouer un rôle central dans l’émergence de la prochaine génération de footballeurs africains. Mon objectif n’est pas seulement de les faire signer à l’étranger, mais de veiller à leur développement, leur protection et leur épanouissement. Je travaille à construire un réseau solide de détection et d’accompagnement, et à créer une agence reconnue pour son intégrité, son professionnalisme et son engagement à long terme.
Une anecdote personnelle à partager avec nos lecteurs ?
J’ai récemment obtenu un MBA avec mention. Mon mémoire portait sur l’impact du parrainage sportif sur la notoriété des marques à l’Université du canal de Suez. C’est une manière pour moi de combiner passion du sport et stratégie d’affaires.
Combien de joueurs représentez-vous actuellement ?
Je travaille avec une dizaine de joueurs, allant de jeunes espoirs à des professionnels confirmés, principalement en Afrique du Nord et dans certaines régions d’Afrique de l’Ouest. Par respect pour leur confidentialité et les négociations en cours, je préfère ne pas citer de noms, mais plusieurs évoluent dans des ligues de haut niveau, notamment en Égypte, Tunisie et Algérie.
Certains sont suivis de près pour des transferts vers l’Europe ou le Moyen-Orient. Je privilégie la qualité des relations et la planification de carrière à long terme.
Dans notre série d’articles #ParoleAuxAgents, à lire également : Filippo Savona : « Les parents doivent revoir leurs exigences ».