Les agents intermédiaires accomplissent une grande opération dans le transfert des joueurs lors des mercato. Ils passent par toutes les démarches nécessaires afin d’obtenir gain de cause pour la signature de leurs clients. Bien que ces efforts aient tendance à passer inaperçus, certains parviennent à s’imposer au devant de la scène. Leurs missions visent à régulariser la situation des footballeurs africains en y ajoutant un impact grandissant.
En Afrique du Sud, Kenneth Yamongbe s’est forgé une solide influence dans le milieu de football, notamment dans les opérations de transferts. Du repérage des jeunes talents jusqu’à la signature de techniciens à la tête des sélections nationales, cet agent gabonais a réussi des coups gagnants. Son travail remarquable a permis aux jeunes footballeurs de continuer à briller.
Pour la suite de notre série d’articles ParoleAuxAgents, Kenneth Yamongbe a partagé son vécu dans une interview exclusive accordée à Africafoot. Dans ses moments de succès, difficultés et de bien meilleure expérience, cet agent intermédiaire n’est pas passé du dos de la cuillère.
Quelle lecture avez-vous du métier d’agent de joueurs ?
C’est une passion, j’ai toujours été passionné de football depuis ma plus tendre enfance. Malheureusement, la pression parentale a fait que j’ai dû me concentrer sur les études. Mais après, j’ai fais des études en sport management et administration de football. J’ai fait des cours de coaching avec le PSV Eindhoven. Les objectifs sont de dénicher les nouveaux talents et de les placer dans les clubs, signer des partenariats et tisser des relations avec des fédérations et clubs.
Selon vous, y a-t-il un secret pour réussir un mercato ?
C’est le moment des affaires, et de faire du profit et aussi élargir la toile de relations. Nous recevons des demandes venant de partout et automatiquement de nouveaux contacts. On ne réussit pas de mercato, y a-t-il un nombre de joueurs qu’il faut signer pour réussir un mercato ? C’est un abus de langage, à mon humble opinion, même si un agent signe un seul joueur durant le mercato, c’est déjà une réussite.
La chose qu’il faut savoir est qu’il faut déjà anticiper des profils avec leurs détails (libre, transfert, etc.), également en termes de visa et de localisation géographique des joueurs, budget du club et demandes financières du joueur et choix sportif du joueur. On prépare le mercato au moins 2 à 3 mois à l’avance généralement, cela permet de voir les clauses de contrat et voir si le joueur va renouveler ou pas son contrat.
Basé en Afrique du Sud, Kenneth Yamongbe s’est frayé le chemin vers un futur prometteur dans le monde des agents. Fort d’un réseau bien solide, ce jeune agent réussit naturellement des coups lui procurant de bons moments. Notre interlocuteur a souligné l’un des moyens les plus précieux pour un agent lors des périodes de transferts :
Je suis le plus honnête possible. Je ne promets pas monts et merveilles à un joueur. Certains profils que nous recevons, il arrive qu’ils sont vraiment en deçà de la moyenne. Les réseaux sociaux, les correspondants et contacts que j’ai pratiquement dans chaque pays me permettent d’avoir accès aux joueurs rapidement.
Je suis une personne très humble et très discrète, je dirais seulement que l’on n’échappe pas à son destin. J’ai été toujours un amoureux fou du football et je peux dire que le carnet de route de ma vie devait me conduire sur ce chemin.
Selon vous, qu’est-ce qu’il faut pour révolutionner le métier d’agent en Afrique ?
Nous devons arrêter d’être gourmands en Afrique. Les demandes de certains clubs frisent le ridicule. Certains dirigeants de clubs veulent à tout prix devenir des millionnaires du jour au lendemain. Ils veulent devenir des « Florentino Perez ». Les joueurs doivent être sérieux et honnêtes. Ils doivent arrêter de mentir sur leur situation administrative en club, cacher qu’ils ont des agents, etc.
Quelle place accordez-vous à la famille des joueurs de votre agence ?
Enormément pour certains. La famille joue un rôle décisif pour certains, mais pour d’autres non. Le plus important est de ne rien cacher et d’être clair dès le début. D’autres consultent des agents pour conseils avant de signer.
Que faites-vous pour obtenir plus d’opportunités pour vos joueurs ?
Il faut avoir des relations avec les clubs, entraineurs et présidents de clubs. Il y a des millions de joueurs dans le monde qui sont talentueux. Il faut parfois avoir de bons rapports avec les clubs et dirigeants. Aussi, il faut savoir la demande des clubs à l’avance et positionner les profils comme priorité avant les autres.
On ne peut pas être différent des autres régions et confédérations en termes de transferts. C’est un processus universel. Il faut juste que les joueurs et dirigeants africains soient honnêtes. Pour transférer un joueur, un agent ne peut pas se mettre à appeler 10 000 personnes pour avoir la bonne information ou avoir l’aval pour le transfert.
Avez-vous des anecdotes peu connues à partager avec nos lecteurs ?
Étant très discret dans mon travail, je ne citerai que la signature du capitaine de l’équipe nationale d’Afrique du Sud en Azerbaïdjan. J’en ai eu pleins. D’autres même m’ont échappé. Mais ce que je peux aussi vous révéler est que l’actuel sélectionneur du Syli National de Guinée [ndlr, Michel Dussuyer] est un ami à moi. Nous avons collaboré ensemble pour sa venue en tant qu’entraîneur de la sélection du Bénin. J’ai également un ancien coach de l’AS Kaloum et du CI Kamsar comme clients.
Dans notre série d’articles #ParoleAuxAgents, à lire également : Les confessions d’Abdellatif Khlale sur sa carrière d’agent de joueurs.