Investir dans les talents du football et capturer des joueurs prometteurs ne semble pas être un processus facile, mais plutôt un processus créatif pour concevoir les meilleurs moyens d’atteindre ces jeunes. Cela explique l’existence d’entraîneurs, d’experts et d’agents de joueurs qui se spécialisent principalement dans la capture de talents et les mettent sur la voie de l’amélioration de leurs performances sportives et sociales.
Ahmed Mitak est l’un des agents marocains les plus célèbres, spécialisé dans la découverte de perles rares dans le monde du football. Dans une interview exclusive accordée à Africafoot, dans le cadre de la série d’articles #ParoleAuxAgents, il révèle les secrets de ce métier difficile et ses histoires dans le monde des transferts de joueurs.
Tout d’abord, présentez-vous à nos fidèles lecteurs ?
Ahmed Mitak de Casablanca, j’ai 42 ans, j’ai 3 enfants, deux filles, Razan et Shorouk, et mon fils aîné, Yahya.
Pourquoi avez-vous choisi le métier d’agent de joueurs ?
Je ne suis pas un parasite dans le monde du football, car j’ai été joueur du Raja Casablanca et j’ai joué dans toutes les catégories jusqu’à mon arrivée en équipe réserve, puis mon départ pour le Racing Casablanca.
J’ai rencontré des difficultés qu’il est inutile d’évoquer, j’ai donc arrêté le football et me suis lancé dans le monde des agents de joueurs en 2011, grâce à l’insistance et aux encouragements de certains de mes collègues joueurs et de certains entraîneurs.
Ils m’ont encouragé et facilité la mise en relation avec certains présidents. De plus, j’étais très proche de certains joueurs et ma grande connaissance du football marocain m’a facilité la supervision et la conclusion de dizaines de contrats entre joueurs et entraîneurs. J’ai de grandes ambitions dans ce domaine.
Comment évaluez-vous votre travail dans le championnat marocain ?
Chaque agent a sa propre perspective et son propre travail. Quant à mon évaluation du travail au sein du championnat marocain, il connaît un déclin alarmant en raison de la crise financière que traversent les clubs marocains, ce qui m’a contraint, ainsi que d’autres collègues, à me tourner vers les championnats arabes, notamment les championnats libyen et émirati. Sans compter que l’environnement est pourri et que tout le monde le prend pour un agent de joueurs.
Avez-vous reçu de l’aide lorsque vous êtes entré dans le domaine des agents de joueurs ?
Oui, de nombreux présidents m’ont aidé au début de ma carrière, mais honnêtement, je dois beaucoup à mon collègue et agent de joueurs, Hamid El Bouzidi, qui m’a tendu la main, m’a mis sur la bonne voie et a facilité ma mission en concluant des accords qui m’ont ouvert la voie pour continuer dans ce domaine jusqu’à présent.
Avez-vous trouvé cela difficile au début de votre carrière ?
Bien sûr, chaque métier comporte ses difficultés, surtout celui des transferts de joueurs. Comme je l’ai déjà mentionné, le contexte est corrompu et il arrive qu’un joueur traite avec plusieurs agents. De plus, certains dirigeants exigent des commissions pour faciliter la contractualisation des joueurs et des entraîneurs.
Quels sont les joueurs les plus importants dont vous avez supervisé les transferts ?
Je tiens à préciser une chose importante. En toute humilité, je me considère comme l’un des agents marocains les plus actifs en division amateur. J’estime avoir réussi ce pari et avoir été à l’origine de l’arrivée de plusieurs joueurs en première division professionnelle, dont Yassine Fatine, qui jouait alors à l’Ittihad Temara, Issam Chouikh, qui jouait au Wydad Casablanca et était auparavant joueur à l’Ittihad Azilal, puis Mohamed El Khaloui, qui jouait à l’Ittihad Touarga et a signé à l’AS FAR. Parmi les autres joueurs, je ne peux oublier le sélectionneur de l’équipe nationale marocaine, Mohamed Fakhry, pour qui j’ai signé à l’Olympique Khouribga.
Avez-vous déjà eu affaire à des clubs étrangers ?
Je n’avais pas prêté beaucoup d’attention aux transferts internationaux auparavant, mais après la crise que traversent les clubs du championnat professionnel marocain, j’ai été obligé de me tourner vers les pays arabes et du Golfe, et j’ai été à l’origine du transfert d’un grand nombre de joueurs vers le championnat libyen, dont Hassan Zraibi, Brahim Sabaouni, Ayoub El Malki, Khalid Serroukh, Abderrahim Makran, en plus du capitaine de l’équipe nationale rwandaise, Thierry Manzi, qui a signé pour l’équipe libyenne d’Al Ahly Tripoli.
Quels sont vos objectifs futurs ?
Mon objectif est de contribuer au succès des joueurs qui évoluent en division amateur, notamment ceux qui méritent d’aller loin dans le monde du football, car au Maroc, nous avons la matière première. J’espère également les transférer hors du championnat marocain et je suis en train de nouer des relations avec de nombreux clubs étrangers.
Quels conseils pouvez-vous donner à ceux qui souhaitent travailler dans le domaine des transferts de joueurs ?
• La nécessité de la passion et de l’amour du football, et de l’amour du travail d’agent de joueurs, car la passion est ce qui rend la fatigue du travail et des voyages plus facile, à un moment où un accord peut échouer à la dernière minute.
• N’écoutez pas les critiques qui tuent la détermination, car le moral peut être brisé dès le premier instant.
• Faites attention à vos études, qu’il s’agisse des différents langages utilisés pour protéger les accords et les secrets des joueurs, ou d’étudier les lois internationales, le droit du travail et les lois de la FIFA pour comprendre tous les droits et devoirs, car une seule clause pourrait mettre fin à la carrière d’un joueur, tandis qu’une échappatoire pourrait garantir son avenir.
• Garder des secrets et prendre des décisions seul. Bien que les relations soient importantes pour le travail d’un agent de joueurs, les accords doivent être gardés secrets jusqu’au dernier moment pour garantir qu’ils ne soient pas gâchés.
• La force de caractère est importante, et il est important de la souligner aux deux parties, le joueur et le club, en plus de l’endurance et de la confiance en soi.
Dans notre série d’articles #ParoleAuxAgents, à lire également : Tarek Oueslati : « En Afrique, le rôle du pouvoir politique est très important ».