Ils sont ces hommes tapis dans l’ombre qui ne ménagent aucun effort pour la réussite des jeunes footballeurs africains. Ces agents se démarquent grandement en balisant le chemin de gloire aux jeunes talents du continent à travers le monde. Habib Dannoun fait partie de ce groupe.
Agent intermédiaire, il s’appuie sur l’honnêteté afin de pouvoir mener à bien ses projets. Il est cet homme qui marque les esprits des jeunes footballeurs africains en les ouvrant des portes d’opportunités. Dans une interview exclusive accordée à Africafoot, pour la série d’articles #ParoleAuxAgents, Habib Dannoun nous partage sa vaste ambition vis à vis du métier d’agent de joueurs. Il évoque d’abord ce que représente pour lui cette profession :
Le métier d’agent de joueurs représente pour moi plus qu’un métier, c’est une réelle passion autour de ce sport dans lequel je serai investi 24/7. Cette vocation regroupe plusieurs aspects qui me passionnent : l’analyse sportive, la négociation, l’accompagnement humain dans la carrière professionnelle d’un joueur.
C’est une passion avant tout. Je mets l’accent sur le rôle de conseiller, hormis les contrats. Je veux être proche des joueurs que je représente et créer cette relation de confiance afin de mieux les orienter sur leurs choix sportifs, ainsi que leur développement personnel et les préparer au mieux aux exigences du haut niveau. Pour moi, un agent doit être honnête et transparent avec son client, c’est une relation saine qui doit être instaurée et respectée.
Derrière sa passion inouïe pour le métier d’agent de joueurs se cache d’immenses objectifs qu’il entend réaliser. Ceci passera par un travail sans relâche, mais aussi et surtout par une organisation qui mène à la réalisation de ces ambitions. Habib aspire à gérer la carrière d’un futur vainqueur du Ballon d’or.
Mes objectifs principaux sont multiples : à court terme : établir des partenariats solides avec plusieurs clubs sur différents marchés : africain, européen et du Moyen-Orient, afin de pouvoir placer les joueurs plus facilement, et accompagner les joueurs vers le monde pro.
À moyen terme : fonder ma propre société de représentation de joueurs, créer un département dédié au scouting à travers plusieurs pays, avec une vision innovante combinant à la fois du scouting terrain et data analysis.
À long terme : devenir une référence mondiale dans la détection de jeunes joueurs prometteurs, être sollicité pour mon expertise sur le football et être un acteur majeur sur le marché des transferts. Le graal pour moi sera qu’à l’avenir je suis l’agent d’un futur Ballon d’or.
Des pistes pour le placement des joueurs africains dans des clubs européens sont difficiles à trouver. Des conditions posées ne sont pas évidentes à respecter. Cependant, Habib arrive tout autant à y tirer profit. Il confie à Africafoot comment il arrive à gérer ces genres de situations :
Mon travail à moi consiste essentiellement, pour l’instant, à mettre à l’essai de jeunes joueurs africains, soit dans un premier temps au Maghreb, dans un club satellite dit « Tremplin » pour l’Europe. Ensuite, renforcer les échanges avec les clubs partenaires qui nous permettent de faire transiter nos joueurs.
Développer le réseau entre les académies et fédérations. Mon agence a réalisé plusieurs transferts de joueurs africains vers l’Afrique du Nord, qui leurs ont permis ensuite de jouer en Europe et au Moyen-Orient. J’ai eu la chance de me rendre récemment aux deux éditions du World Football Summit, en décembre 2024 à Riyadh, en Arabie saoudite, et la semaine dernière à Rabat, au Maroc, où j’ai pu rencontrer et renforcer mes liens avec les acteurs majeurs de cette industrie.
Le mercato est l’aboutissement d’un projet longuement réfléchi. Les architectes des talents africains s’adonnent à fond afin d’améliorer l’épanouissement du football et des footballeurs du continent. À l’instar des autres, Habib Dannoun est conscient de l’impérieuse nécessité d’une bonne stratégie en vue de la période de mercato pour un agent de joueur :
Le mercato, je tiens à le préciser et à le répéter, c’est l’aboutissement d’un travail de fond, ce n’est pas au petit bonheur la chance, c’est vraiment une stratégie établie en amont afin de maximiser les chances de signature d’un joueur.
Je repère les besoins des clubs quelques mois avant le mercato afin de savoir quel profil sera le mieux en concordance avec leurs attentes. J’étudie l’environnement du club pour permettre à mes joueurs de s’intégrer plus rapidement, je renforce l’échange et l’interaction avec le directeur sportif et/ou l’entraîneur en poste. C’est beaucoup de relationnel qu’il faut entretenir mais qui est très important pour la décision finale. L’importance du réseau joue son rôle pour les opportunités durant les périodes de mercato.
Les difficultés rencontrées dans l’exercice de ce métier restent une évidence et les surmonter est un véritable obstacle. Cet agent intermédiaire ne manque pas d’astuces pour pallier à ce déficit. Les âges falsifiés, des documents n’ont conformes sont des problèmes récurrents chez les jeunes joueurs africains. Concernant ces difficultés, Habib Dannoun a expliqué :
Malheureusement, le premier fléau en Afrique, je dirai l’opacité administrative : avec des dossiers incomplets, des papiers falsifiés, même les âges sont falsifiés et cela est triste, car ça renvoie une mauvaise image du joueur africain et, du coup, pas reconnu à sa juste valeur.
Ensuite, il y a d’énormes ingérences familiales ou cela peut freiner drastiquement les négociations, il y a des arrangements parallèles difficiles à contourner, et parfois même des pressions fortes de l’entourage du joueur. Le problème récurrent avec l’agent, c’est une partie du monde qui est pauvre. Du coup, de grands espoirs sont mis sur les épaules des joueurs et de ce fait, l’agent est omniprésent dans toutes discussions, et cela est parfois difficile à gérer car les gens perdent la tête et réclament ou attendent des sommes astronomiques.
Habib a acquis de nombreuses expériences dans ce domaine. Son intervention a été cruciale dans l’opération de plusieurs transferts de jeunes footballeurs africains vers l’Europe. Cela ne lui fait perdre la tête, car il pense être fait pour cette profession d’agent de joueurs :
En toute modestie, je pense que c’est un métier fait pour moi afin que je possède certaines compétences primordiales et importantes pour faire ce métier, à savoir : une passion approfondie pour le football, une aisance relationnelle, de fortes qualités linguistiques – je parle 4 langues couramment – et une capacité d’adaptation à tout type d’environnement, à la fois professionnel et culturel.
Le métier d’agent exige trois qualités indissociables que j’ai réussi à acquérir au fil du temps. Le flair : faut savoir repérer le potentiel d’un joueur là où d’autres ne le voient pas encore. La réactivité : saisir vite l’opportunité quand elle se présente. L’anticipation : savoir anticiper les besoins des clubs, des joueurs, les nouveaux codes du football en général.
Dans notre série d’articles #ParoleAuxAgents, à lire également : Nasser Diallo, l’homme qui fait briller les talents africains.