Les agents de joueurs doivent souvent composer avec des situations pour le moins étranges lorsqu’ils négocient des transferts sur le continent africain. Dans le cadre de la série d’articles #ParoleAuxAgents, Africafoot a recueilli le témoignage d’Omar El Banna, agent de joueurs égyptien ayant accompagné plusieurs talents de premier plan en Afrique. Parmi eux, l’Uruguayen Gaston Sirino, star actuelle des Kaizer Chiefs et ex-joueur des Sundowns, ayant évolué au club pendant six ans, entre 2018 et 2024.
De faux agents dans la boucle
Interrogé sur les difficultés rencontrées lors du recrutement de joueurs africains pour le championnat égyptien, El Banna ne mâche pas ses mots :
Nous faisons face à de nombreux problèmes. Il arrive que certaines personnes se fassent passer pour des agents alors qu’elles ne représentent aucun joueur. Leur seul objectif : le profit.
Il raconte un épisode marquant :
Nous avions presque finalisé l’arrivée d’un joueur ivoirien au club égyptien d’Al Masry. Tout était bouclé. Puis, à notre grande surprise, nous avons appris qu’il avait signé dans un club israélien au même moment !
Et la situation était encore plus rocambolesque :
L’agent avec qui nous traitions n’avait en réalité aucun statut officiel. Nous avons découvert plus tard qu’il était simplement… vidéaste.
El Banna poursuit :
Nous avons tenté de contacter Vincent De Vonet, l’agent officiel et ancien joueur d’Enppi, mais il a nié toute implication. Pourtant, plusieurs sources affirmaient le contraire. De manière générale, le marché des transferts en Afrique souffre d’un sérieux manque de régulation.
Il souligne également que bon nombre de transactions nécessitent l’intervention de figures influentes, bien ancrées dans le pays concerné. Sans cet appui, les négociations peuvent rapidement tourner au casse-tête.
Afrique du Nord : un modèle plus structuré
À l’inverse, El Banna estime que l’Afrique du Nord se distingue par un plus grand professionnalisme :
Tout est plus fluide dans cette région, que ce soit au niveau du sérieux des joueurs ou de leur niveau d’éducation. C’est également le cas pour de nombreux joueurs sud-américains.
Il développe :
Les Sud-Américains aiment jouer avant tout par passion. Ils sont donc naturellement attirés par des destinations comme l’Afrique du Sud ou l’Angola, plutôt que par les pays arabes.
Il cite en exemple Mario Martinez, un talentueux Hondurien :
Techniquement, il était excellent, mais l’entraîneur d’Enppi, Ali Maher, n’était pas convaincu par certains aspects de sa personnalité.
Le cas Sirino : entre ambition et pression
Concernant Gaston Sirino, El Banna révèle qu’il souhaitait rejoindre Al Ahly lorsque le club s’était intéressé à lui, notamment en raison d’une proposition financière très alléchante, bien supérieure à son salaire aux Sundowns.
Mais il nuance :
Les joueurs sud-américains ressentent une énorme pression dans des ligues aussi exigeantes que la Premier League égyptienne. C’est l’une des raisons pour lesquelles ils préfèrent souvent évoluer dans d’autres environnements, parfois plus détendus, comme ceux que peuvent offrir certains clubs africains.
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