Dans le cadre de sa nouvelle série d’articles #HistoiresAfrique du mois de décembre, la rédaction d’Africafoot vous fait découvrir ou redécouvrir les histoires passionnantes à propos de transferts africains connus et méconnus.
Jouer en Europe et se faire un nom parmi les grands noms du football est un rêve partagé par de nombreux footballeurs gabonais. Certains ont réussi à franchir ce cap en quittant leur terre natale pour vivre des aventures footballistiques mémorables. Parmi eux, trois figures marquantes émergent : Éric Mouloungui, Cédric Moubamba, et Guelor Kanga. Ces trois joueurs ont un point commun : leur passage par l’AS Mangasport de Moanda, un club emblématique du Gabon. À travers des témoignages exclusifs, Gaboneco a retracé les trajectoires parfois méconnues de ces transferts marquants.
#1 Éric Mouloungui : du rejet au statut de star
L’histoire d’Éric Mouloungui est celle d’un début difficile transformé en succès éclatant. L’ex-international gabonais (39 sélections, 6 buts) a marqué le football professionnel en France et ailleurs. Alain Djissikadié, ancien international gabonais, se souvient des débuts laborieux de celui qu’on surnommait « Moule » :
Quand il est arrivé à Mangasport, il était tout chétif et les supporters avaient critiqué les dirigeants notamment le président Jean-Yves Otourou et le SG de l’époque Anicet Taty pour le recrutement de « Moule ». Les fanatiques n’en voulaient même pas, préférant que le club cherche sur le plan local qu’à Port-Gentil, et je rigolais à cette époque parce que personne ne connaissait Eric si ce n’est moi. On partageait la même chambre lui et moi à Moanda.
Après des débuts difficiles, il mettra tout le monde d’accord par la suite, au point d’être approché directement par le Racing Strasbourg en 2002, une chose assez incroyable à notre époque, c’est dire tout le talent qu’il avait acquis avec le temps. Eric finit par rejoindre la France après être devenu le chouchou de Mangasport et du championnat national, c’était vraiment la belle époque, et j’étais là quand il a quitté le Gabon.
En 2002, Mouloungui fut repéré par le Racing Club de Strasbourg, une opportunité rare à l’époque. Avant son départ pour la France, il était devenu une icône à Mangasport et dans le championnat national, incarnant une époque dorée du football gabonais.
#2 Cédric Moubamba : une carrière forgée dans l’adversité
Pour Cédric Moubamba, l’ascension a été semée d’embûches. Aujourd’hui entraîneur adjoint des Panthères du Gabon, l’ancien milieu défensif (près de 80 sélections) a dû surmonter de nombreux obstacles, comme le raconte Alain Djissikadié :
Cédric n’a pas eu une carrière facile. Il a d’abord trimé lors de son départ de l’USM (aujourd’hui O’Mbilanziami), parce que le président du club en ce temps ne voulait pas du départ de « C ». On était aux Jeux de la francophonie ensemble au Canada avec la sélection, et c’est là que l’idée de rejoindre Mangas a germé après une discussion entre nous. Il a forcé le destin en rejoignant Mangasport. Seulement il ne pouvait pas jouer en début de saison étant donné que l’USM n’a pas voulu valider le transfert. Mais le règlement stipulait que si un joueur fait une saison sans jouer, il pouvait le faire la saison suivante dans le club qu’il désirait et cela sans que son club propriétaire ne reçoive un centime.
L’USM a donc trouvé un arrangement à l’amiable avec les dirigeants de Mangasport lors de la deuxième phase de la saison. Mais durant cette période sans jouer, Cédric touchait l’intégralité de son salaire. On a joué ensemble dans ce club, et par la suite on est allé à Sogéa FC. Je suis parti avant lui du club et après, on a signé au TP Mazembé tous les deux en 2008. On en a fait des clubs tous les deux, et celui de Mazembé était assez particulier parce que c’est la première fois qu’on a joué en club ensemble lui et moi à l’étranger. On s’est même retrouvé encore ensemble à l’Union Sportive de Bitam lors de la saison 2011/12.
Cette période difficile n’a pas empêché Moubamba de persévérer. Après un passage remarqué à Mangasport, il a poursuivi sa carrière à Sogéa FC, avant de rejoindre TP Mazembe en 2008, aux côtés de Djissikadié. Leur complicité sur le terrain s’est poursuivie à l’Union Sportive de Bitam lors de la saison 2011/12, confirmant la solidité de leur parcours commun.
#3 Guélor Kanga : un talent révélé à force de persévérance
Dernier du trio, Guélor Kanga incarne la détermination. Né à Oyem, ce milieu de terrain aux 70 sélections (4 buts, 8 passes décisives) a connu des débuts modestes, comme le raconte Ghislain Opaga Lewaye, ancien joueur et mentor :
C’est moi qui l’emmène à jouer au football du côté de GBI, un club de deuxième division à l’époque. Au bout d’une semaine de test, le coach du club refuse de garder Guelor. Mais j’ai insisté pour qu’on le teste encore un peu, vu que c’était la première fois pour lui d’être confronté à ce type d’environnement alors qu’il n’avait jamais joué à l’époque. Finalement, on finit par le garder. Cette saison-là, on élimine le CF Mounana lors de la montée en D1, mais on est stoppé aux tirs au but par l’AS Commerçants de Moanda. En 2008, au stade Omnisports président Bongo, on a affronté Mangasport contre qui Guelor livre une belle partie. Malgré l’élimination, en quarts de finale, nous avons été approché par des clubs comme Missile FC et Mangasport.
Guelor va d’abord rejoindre Mangasport, puis ensuite Missile FC où il va terminer meilleur passeur du championnat. Il est recruté par la suite par le CF Mounana. Puis, moi quand j’ai arrêté pour raison d’études, Guelor a continué. Sa bonne saison a fait en sorte que Rostov le remarque et fait pression pour qu’il rejoigne la Russie. C’est Paulo Duarte qui va finalement décanter la situation avec le président du CF Mounana. Quand il prend l’avion pour Rostov, je suis là avec lui à l’aéroport pour lui donner des conseils et autres consignes pour qu’il puisse être impactant quand il va arriver dans son nouveau club. »
Après un passage à Mangasport, Kanga a enchaîné avec Missile FC, où il s’est illustré comme meilleur passeur du championnat. Sa performance au CF Mounana a attiré l’attention de Rostov en Russie. Selon Opaga Lewaye, l’entraîneur Paulo Duarte a joué un rôle clé dans ce transfert, facilitant son départ pour l’Europe.
Des années plus tard, les deux hommes se retrouvent et Guélor Kanga a remercié Ghislain Opaga Lewaye.
Un jour il a parlé de moi à certains amis, et a dit que c’est grâce à moi s’il est aujourd’hui footballeur professionnel. On était censé jouer ensemble lui et moi, mais j’ai préféré poursuivre mes études, ce que je ne regrette pas, et je suis fier de ce que Kanga a accompli aujourd’hui.
Les parcours d’Éric Mouloungui, Cédric Moubamba, et Guélor Kanga reflètent les défis, les sacrifices, mais aussi les triomphes qui jalonnent la carrière des footballeurs gabonais. Leur ascension, marquée par leur passage à Mangasport, illustre l’importance de croire en son potentiel, malgré les obstacles. Ces trois figures inspirent les générations futures, tout en portant haut les couleurs du Gabon dans le monde du football.
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