#HistoiresAfrique – 5 histoires polémiques de transferts en Côte d’Ivoire

Les transferts dans le monde du football peuvent cacher des scandales qui entachent bien des réputations ou qui donnent lieu à des récits dramatiques, bien loin des émotions que ce sport procure. Africafoot vous propose en exclusivité le Top 5 des histoires polémiques de transferts en Côte d’Ivoire.

Dans le cadre de notre série d’articles #HistoiresAfrique, voici les cinq histoires polémiques de transfert en Côte d’Ivoire.

#1 Sinaly Diomandé au cœur d’un litige entre Guillou et un formateur ivoirien

Le contexte

En septembre 2019, Sinaly Diomandé encore un illustre inconnu arrive à l’Olympique Lyonnais. Mais, c’est un an plus tard qu’il dispute son premier match avec l’équipe A des Gones. La même année, il est convoqué en équipe nationale de Côte d’Ivoire pour deux matchs amicaux face au Japon et la Belgique. Pourtant, un scandale éclate.

Le résumé de l’histoire

Présenté comme un joueur formé par Jean-Marc Guillou, il est en réalité un pur produit du Sport Études Football Abidjan (Sefa) et du FC Abidjan (FCA). De 2009 à 2014, puis de 2014 à 2018, il a été formé dans ces deux centres de formations affiliés et appartenant à Pascal Minoungou, un formateur ivoirien. C’est d’ailleurs ce dernier qui fait paraitre l’affaire publiquement. Des images exclusives qui ont pullulé sur la toile ont d’ailleurs démontré des images de Sinaly lors de son passage à son académie. Il affirme avoir formé le défenseur avant qu’il ne rejoigne Jean-Marc Guillou, pour une saison, avant de s’engager avec l’Olympique lyonnais en 2019. Pascal Minoungou déclarait ainsi que Jean-Marc Guillou l’avait berné par le second qui, selon lui, veut s’imposer comme le formateur du joueur. 

Jean-Marc Guillou est rentré en contact avec moi lors de l’essai de Sinaly Diomande à Lyon en août 2019, et m’a fait signer un document qui me permettrait d’acquérir la somme d’indemnités qui est à 210 mille € (plus de 183 millions de fcfa) mais à ma grande surprise, Jean Marc Guillou vient me remettre 2500 € (1 million 650 mille francs cfa). C’est là que j’ai su que j’ai été traité comme un idiot. J’ai expliqué cela à Sinaly et il m’a dit aussi qu’il a été volé par Jean Marc Guillou.

Sinaly n’a pas suivi d’études comme les autres. Ne sachant pas bien lire, le manager de JMG l’a fait signer et est parti. C’est après qu’il a su par le Secrétaire général de Lyon, qu’il ne pouvait pas toucher son droit de contrat qui a été remis au manager de JMG et recevra 2000€ (1 million 321 mille francs cfa) comme salaire pendant le temps de son contrat avec Lyon. Sinaly Diomandé devait toucher 2 millions d’euros (1,3 milliards de francs) de prime à sa signature, mais ce montant a été détourné par l’équipe de Guillou.

Suite à ces accusations, Jean-Marc Guillou a produit le 26 novembre 2020, un droit de réponse afin de donner sa version des faits. Voici ses propos en intégralité :

Monsieur Jean Marc Guillou a pris connaissance des graves accusations portées à son encontre par Monsieur Minoungou. Le présent communiqué vise à rétablir la vérité. Ainsi que le responsable du centre de formation d’Abidjan le reconnaît lui-même, le club de GUIDARS, en raison des incohérences qui figuraient sur les documents officiels et qui ne correspondaient à l’évidence pas à la réalité, a négocié et conclu un accord amiable avec Monsieur Minoungou et son centre.

Cet accord, signé en bonne et due forme, permet au centre de formation d’Abidjan de percevoir un intéressement tout au long de la carrière du joueur.

Le centre de formation a déjà perçu de premières sommes et continuera d’en percevoir tout au long de la carrière du joueur, le club de GUIDARS et les académies JMG ayant toujours

respecté les accords qu’ils signaient avec leurs nombreux partenaires.

Il apparaît regrettable que le centre de formation d’Abidjan tente de profiter des récentes convocations du joueur Sinaly Diomandé en équipe nationale pour tenter de remettre en cause ses engagements signés en toute connaissance de cause.

En revanche Monsieur Guillou, formateur mondialement reconnu, ne laissera pas salir la réputation de ses académies et des clubs avec lesquels il travaille, et d’autant moins que ceux qui l’accusent apparaissent loin de respecter les règles légales élémentaires (signature de contrats douteux avec des mineurs sans identification du responsable légal, mentions manuscrites complétées en lieu et place des intéressés, etc.) Ces mises au point effectuées il ne sera plus effectué aucune déclaration concernant ce litige.

L’issue

L’affaire a été portée devant les tribunaux et Pascal Minoungou a finalement eu raison, la FIFA ayant tranché en sa faveur et exigé au clan Minoungou de lui verser une indemnité de réparation. Un montant inconnu perçu par ce dernier.

Aujourd’hui, cette affaire est rangée aux oubliettes et Sinaly Diomandé est depuis l’été 2024, un joueur de l’AJ Auxerre où il a retrouvé ses sensations (9 matches, 2 buts, 2 passes décisives), après une aventure compliquée à l’OL.

#2 Datro Fofana, l’immense regret de Né Marco

Le contexte

En janvier 2021, Datro Fofana formé à Abidjan City, est censé quitter son club formateur pour le SCO Angers. Un transfert déjà ficelé par son encadreur, l’ancien international ivoirien Né Marco, également propriétaire d’Abidjan City. Pourtant, l’attaquant ivoirien s’engage contre toute attende avec Molde FK en Norvège.

Le résumé de l’histoire 

En effet, Datro Fofana a été transféré par un autre agent sans l’aval de Né Marco. Sidéré, ce dernier a tenté de se faire justice en saisissant les instances. Il a alors déclaré à l’époque à la presse : 

Abidjan City a donné son accord à Angers pour Datro. On l’avait annoncé avec beaucoup de fierté. Le club attendait la signature du joueur. C’est quelque chose qui dure assez longtemps. On attend que le joueur saisisse cette opportunité qui est assis inédite. Quitter la D3 ivoirienne pour la D1 française. Il est international. C’est une bonne opportunité pour jouer la CAN 2023 dans son pays.

On devait attendre qu’il ait 18 ans. Mais maintenant qu’il a eu 18 ans, nous avons été surpris par ce revirement. Nous sommes surpris par ce blocage qui n’a pas de sens. La famille a décidé de suivre le conseil d’un agent, qui ne connaît pas très bien le joueur, si on veut dire. Il veut que Datro parte en Norvège. Pourtant, nous nous sommes mis d’accord avec Angers (…) notre objectif reste l’intérêt sportif pour le gamin.

J’ai discuté avec cet agent mais il a disparu. Il a décidé de travailler uniquement avec la famille, ce qui ne se fait pas. Il doit travailler avec le club.

La famille reproche à Abidjan City d’avoir falsifié le contrat du joueur, ce qui est complètement absurde. Il est sous contrat avec nous. Lui a été prêté à l’Afad et il a effectué son retour en bonne et due forme. Tout a été validé par la fédération (FIF). On a du mal à entrer en contacts avec Datro. Il y a tous ces agents autour de lui et il a dû être très mal conseillé. Aujourd’hui, on a un accord ferme avec Angers et le joueur ne doit juste que signer son contrat.

Atta Aneke, l’agent dont il est question aurait en effet, discuté directement avec la famille de Datro Fofana qui a ainsi donné son accord afin de le faire signer en Scandinavie. Finalement, Né Marco a continué d’exprimer son mécontentement : 

Le gamin et moi on avait une relation. Ça me rend triste aujourd’hui à cause de cette relation qu’on avait. J’en veux à Mölde d’avoir triché mais j’en veux surtout à la fédération qui a aidé Mölde de façon frauduleuse à avoir le joueur. La fédération est sensée protéger les contrats que nous avons.

L’Institution est garant de ces contrats. Mais quand le joueur part et que la fédération te dit derrière que c’est parce que l’ordinateur a buggé et que tu rates une offre qui pourrait changer complètement l’avenir de ce projet, forcément j’en veux à la fédération, c’est très simple.

L’issue 

Datro Fofana a continué de travailler avec Atta Aneke qui l’a fait signer à Chelsea en janvier 2023 pour 12 000 000 euros, après qu’il a inscrit 24 buts en 68 matches avec Molde FK. Concernant l’affaire Abidjan City, il a donné sa part de vérité expliquant que le club ivoirien devait être rémunéré dans la foulée de son départ pour Chelsea : 

Je n’ai jamais signé de contrat avec Abidjan City ni ma mère. J’ai juste signé ma licence vu que j’étais en prêt a AFAD jusqu’à ce le championnat se termine en 2020 et les fiches de paie de l’AFAD parce que je recevais un salaire à AFAD.

Pour le nouveau transfert (à Chelsea), Abidjan city va toucher 2% des 12 millions d’euros (le montant déboursé par les Blues) soit un montant de 240000 € qui équivaut a 157.200.000 millions fcfa que Chelsea vient de payer au club norvégien. Ensuite, Abidjan city va toucher la même somme jusqu’à ce que j’ai 23 ans.

Plus tard, le joueur et le manager se sont séparés et l’Ivoirien est désormais représenté par William Salthouse, l’ancien agent de Wilfried Zaha. Datro Fofana aujourd’hui âgé de 21 ans, lui continue de se chercher sportivement.

Prêté à l’Union Berlin (17 matches, 2 buts) puis à Burnley (15 matches, 4 buts) durant la saison 2023/24, le joueur a été une nouvelle fois été prêté avec option d’achat à Goztepe où il vit un début de saison 2024/25 compliqué avec seulement deux buts en 9 matches et une blessure au genou qu’il a contracté récemment. Avec Chelsea, l’attaquant international ivoirien n’a jamais véritablement eu la confiance de ses dirigeants disputant seulement 4 matches toutes compétitions confondues.

#3 Maguy Serge Alain, l’ancien plus gros transfert africain

Le contexte

Légende du football ivoirien, Maguy Serge Alain a bouleversé le football africain en devenant en 1993, le joueur africain le plus cher lorsqu’il est transféré à l’Atletico Madrid en provenance de l’Africa Sports, pour 500.000 euros, une incroyable somme à l’époque. Le président du club madrilène Jesus Gil y Gil aimait particulièrement le milieu de terrain et n’a pas hésité à sortir le chéquier.

Fraichement vainqueur de la CAN 1992, il débarquait en Espagne avec tous les lauriers. Il se rappelle d’ailleurs : 

On m’a installé dans une superbe villa, mon voisin était le chanteur Julio Iglesias. J’avais l’argent, la célébrité, mais surtout beaucoup trop de naïveté. J’étais le joueur le plus cher d’Afrique, mais ce n’est pas moi qui en ai profité », relatait-il, mi-mai 2012, dans les colonnes de La Voix du Nord, alors qu’il entraînait l’AS Hellemmes, un petit club amateur de Lille (France).

Le résumé de l’histoire

Deux saisons ont passé. Maguy Serge Alain rentre en Côte d’Ivoire pour rejoindre l’Asec Mimosas. En conflit avec son dirigeant Simplice Zinsou, président de l’Africa Sports, affirmait n’avoir pas reçu de primes liées à son transfert en Espagne.

A mon époque, le foot en Côte d’Ivoire était très politisé et c’étaient les présidents de clubs qui s’occupaient de votre carrière. Quand j’étais à l’Africa Sports, c’est mon président qui a géré toutes les modalités de mon contrat à l’Atletico. Moi, je ne savais même pas ce qui était écrit dedans. Je ne voyais pas trop ce que je devenais en Espagne (…) J’ai pété un jour un câble. J’ai appelé Zinsou pour lui dire que je rentrais à Abidjan. Il m’avait dit ‘fais comme tu veux mais ton argent, on ne va pas te le donner’.

A cette époque, je ne pouvais pas porter plainte contre Zinsou parce qu’il était un homme puissant. On m’a installé dans une superbe villa, mon voisin était le chanteur Julio Iglesias. J’avais l’argent, la célébrité, mais surtout beaucoup trop de naïveté. J’étais le joueur le plus cher d’Afrique, mais ce n’est pas moi qui en ai profité. Je n’ai pas eu un centime dans les 500.000 euros, alors j’ai voulu partir à l’Asec pour lui faire mal.

L’issue 

L’affaire est restée sans suite. Le joueur a rejoint l’Asec Mimosas pour se venger de l’Africa Sports. Cependant, Maguy Serge Alain a retrouvé l’Europe en 1999, en restant pendant 5 saison au CS Chênois en Suisse. Il termine ensuite sa carrière en 2005, à Paris FC.

#4 Zougoula Kevin, l’incroyable descente aux enfers

Le contexte

Grand attaquant ivoirien aux qualités techniques exceptionnelles, Zougoula Kevin a dominé la tête du classement des meilleurs buteurs de la Ligue 1 ivoirienne pendant trois saisons consécutives notamment de 2011 à 2013. C’est durant cette période que son club, le Sewé Sports de San-Pedro a régné en maître sur le territoire ivoirien avec trois titres consécutifs de champion de Côte d’Ivoire remportés de 2012 à 2014.

Le résumé de l’histoire

Après avoir explosé sur la scène nationale avec 87 buts en 177 matches en Ligue 1, le garçon a effectué le grand saut en s’engageant avec le club roumain du Dinamo Bucarest. Buteur dès son premier match avec sa nouvelle formation, il prend confiance et voit la vie en rose. Mais la joie est de courte durée. En effet, Zougoula Kevin apprend plus tard que son transfert au Dinamo est annulé, à la suite d’un litige qui l’oppose à Diomandé Eugène, président du Sewé Sports de San-Pedro.

Sapé moralement après cette épreuve, Zougoula Kevin retourne en Afrique notamment au Burkina du côté de AS Douane. Sans revenus financiers conséquents, sa vie bascule.

Je gagnais 225.000f au Burkina. J’envoyais 125.000f à ma femme (restée en Côte d’Ivoire) et je gardais le reste pour mes besoins. Elle trouvait que ce que je lui envoyais était peu. Un jour elle a menacé de me quitter mais je ne l’ai pas prise au sérieux.

Après quand je suis arrivé en vacances en Côte d’Ivoire, j’ai constaté qu’elle avait libéré la maison qu’on habitait et est partie avec tous les biens. On était mariés légalement sous le régime de la communauté de bien. Jusqu’aujourd’hui, je ne sais pas où elle se trouve. J’ai travaillé avec une société de gardiennage pendant deux ans. C’est ce qui m’a maintenu jusqu’aujourd’hui.

Naturellement interrogé suite à ces révélations, le président du Séwé Sports Eugène Diomandé, a donné sa version des faits.

La seule chose où il (Zougoula) ait dit la vérité, c’est qu’il lui restait trois mois de contrat effectivement. Bien avant, je lui ai dit : ‘si tu prolonge, je te donne l’indemnité de temps, si tu ne prolonge pas, au moins informe moi car vous les joueurs, vous vous faites avoir souvent par des managers’. Il m’a dit : ‘président, il n y a pas de problème, je suis votre fils’. A ma grande surprise, on m’apprend que Zougoula a été vu à l’aéroport et j’apprends qu’il est à Bucarest.

Malgré ce mauvais comportement de ce processus qui est condamnable, je n’aurais même pas bougé le petit doigt. Vous savez, il y a la suspicion en matière de football. Comme tout le monde savait les rapports filiaux que j’avais avec Zougoula, ce n’était pas possible qu’il soit parti sans que le président ne le sache. C’était une affaire en douce et il ne voulait pas que le club en bénéficie. C’est comme ça que des gens m’ont dit de ne pas laisser, il faut que les gens nous payent quelque chose.

J’ai envoyé un mail au Dinamo Bucarest, ils disent que le joueur leur a fait savoir qu’il était libre. J’ai dit non et qu’il encore sous contrat avec nous. Ils m’ont demandé de venir les voir, j’ai dit que ça n’empêchait pas que Je n’avais pas l’intention de bloquer son transfert. J’ai moi même payé mon billet. J’ai rencontré Zougoula et on a parlé, il n y a pas eu de soucis. J’ai juste demandé au club qu’on nous donne un intéressement au cas où il serait retransféré. C’était l’objectif quand je suis arrivé là-bas. Après le président du club m’a dit qu’il allait parler avec son entraineur et me revenir. Le lendemain, il me dit qu’il a réfléchi et qu’il ne voulait pas garder Zougoula.

L’issue 

Cette affaire a mis brusquement fin à l’ascension de Zougoula Kevin qui est revenu en Afrique six mois seulement après avoir signé au Dinamo Bucarest. De l’AS Douanes, il a bourlingué en Côte d’Ivoire effectuant des passages à ASI Abengourou, AS Tanda ou encore Sporting Gagnoa. A 36 ans, l’homme regrette la chute brutale d’une carrière qui s’annonçait pourtant des plus prometteuses.

#5 Wilfried Bony, un procès remporté

Le contexte

L’un des cas les plus poignants de transferts qui ont fini au procès, c’est celui de Wilfried Bony de Swansea à Manchester City en janvier 2015. En pleine participation à la CAN d’ailleurs remportée cette année-là par les éléphants, l’attaquant âgé alors de 26 ans s’engage avec les Skyblues pour 32 000 000 euros, devenant l’un des joueurs ivoiriens les plus chers de l’histoire.

Le résumé de l’histoire

Un an plus tard, une affaire éclate. Alors que sa carrière est gérée par Francis Kacou, un agent ivoirien Wilfried Bony traine ce dernier devant les tribunaux en 2016. Le joueur accuse le manager de détournement de fonds concernant ses transferts de Vitesse Arnhem à Swansea (été 2013) puis de Swansea à Manchester City (hiver 2015).

Le champion d’Afrique affirmait que Gilbert Kacou et Dalibor Lacina travaillant avec des entreprises dites secrètes, ont reçu des commissions secrètes totalisant près de 9 000 000 euros entre juillet 2013 et février 2015 lorsqu’elles se sont impliquées dans ses négociations contractuelles. Il a également accusé M. Kacou de fausses déclarations ou négligentes.

le juge Mark Pelling a publié, le lundi 4 septembre 2017, un jugement écrit après avoir analysé les preuves en juillet. Il a déclaré à la Haute Cour :

L’allégation factuelle est que, tout en agissant de manière apparente en son nom dans les négociations concernant son contrat de travail avec Swansea (les agents et leurs entreprises) ont reçu des commissions secrètes totalisant plus de 8 millions de livres sterling, avant d’ajouter que les commissions auraient été payées en vertu de quatre ententes écrites  entre juillet 2013 et février 2015.

Lors de l’audience préliminaire, les agents ont tenté de mettre fin au litige dans l’affaire Bony en insistant sur le fait que le différend devait être réglé à huis clos, devant un comité d’arbitrage sous l’égide de l’Association de football.

Mais, en rejetant ces arguments, le juge Pelling a souligné que, bien que M. Kacou soit un agent de football enregistré en Côte d’Ivoire, il n’est pas un agent autorisé tel que défini par les règles de la Fédération anglaise.

L’avocat de Bony, Marc Yaffe, associé et responsable des litiges chez JMW Solicitors, a déclaré, dans un communiqué à BBC Sport :

Au nom de notre client, nous sommes ravis de la décision qui pourrait être la décision juridique la plus importante pour l’industrie du football. Cela signifie que l’affaire sera diffusée en audience publique plutôt que d’être réglée en privé. Notre client veut une justice ouverte. La plupart des agents font un travail fantastique pour les joueurs, mais il y a de nombreux cas où les joueurs tombent ou on craint qu’un agent n’ait agi dans le meilleur intérêt du joueur.

De vastes sommes d’argent sont souvent impliquées, mais ces cas ont tendance à être transférés dans un forum privé. Cette décision envoie un message clair à tous les agents qu’une telle route n’est plus la seule option. Plus important encore, cela offre l’opportunité à tous les joueurs d’exprimer leurs griefs en audience publique.

Mi mai 2017, dans un entretien accordé à Abidjan Sport, Gilbert Francis Kacou, élu député d’Hiré quelques mois plutôt, a violemment taclé son ancien client.

Quand toi Bony tu te regardes, tu penses être un joueur de Manchester City ? Est-ce qu’il est au niveau d’Aguero, de Yaya Touré, de Sterling, de De Bruyne ? Quand il regarde son football, est-ce qu’il y a moyen de comparer ? Il raconte à tout le monde que c’est son football qui l’a envoyé à Manchester-City, mais pourquoi son football ne l’a pas gardé à City ? Il sait ce que j’ai fait pour qu’il soit à Manchester City.

Bony est très méchant. Le mot ingrat ne signifie pas grand-chose face à sa méchanceté. Je l’ai ramassé pour faire de lui le Wilfried Bony que tout le monde connaît aujourd’hui. J’ai perdu de l’argent, je me suis sacrifié parce que j’ai décidé dans mon écurie GFK pro de faire de Wilfried Bony notre Didier Drogba.

L’issue 

Wilfried Bony a eu raison de ses agents au terme de ce procès qui s’est déroulé dans un tribunal public. Cependant, aucune information n’a été divulguée sur la condamnation de Franis Kacou. En 2016, Wilfried Bony qui s’est attaché les services d’un nouvel agent, a signé à Stoke City. Avec Man City, le champion d’Afrique a disputé 46 matches pour 11 réalisations.

Il a ensuite effectué un come-back à Swansea City en 2019 avant de porter respectivement les couleurs de Al-Ittihad (Arabie Saoudite), NEC Nijmegen (Pays-Bas) et Always Ready en Bolivie, le dernier club de sa carrière. Bony Wilfried vit aujourd’hui à Abidjan où il travaille notamment en tant que consultant sportif.

N’hésitez pas à lire les articles de notre série #HistoiresAfrique, notamment le top 5 des plus gros transferts de l’histoire de la Côte d’Ivoire.