Dans un pays où le football est roi, chaque transfert, chaque joueur, et chaque match, peut être sujet à controverse. C’est bien entendu le cas en Algérie, où certains transferts ces dernières années ont été de véritables sujets de discussions sur le long terme, tant ces opérations ont été décisives et ont marqué les esprits des amateurs de ballon rond algérien. Plus que de simples transferts, de véritables feuilletons suivis de jour en jour.
Voici 3 des transferts les plus marquants par leur controverse en Algérie, dans le cadre de notre nouvelle série #HistoiresAfrique sur Africafoot.
#1 Riyad Mahrez : De Manchester City à Al Ahli (2023)
Gloire, titres, records, succès, statistiques… Riyad Mahrez était au top de son niveau avec Manchester City. Après avoir marqué les esprits avec un passage historique à Leicester City, c’est bien chez les Citizens que le capitaine des Fennecs a définitivement marqué l’histoire, s’imposant comme le meilleur joueur de l’histoire du pays. 236 matchs joués, 78 buts marqués, mais surtout, 4 Premier League, 3 Coupes de la Ligue, 2 Coupes d’Angleterre, un Community Shield, ainsi qu’une Ligue des Champions UEFA, le joueur algérien a tout raflé avec les Skyblues.
Cependant, la saison 2022/23 a soulevé des interrogations. Non pas à cause de son niveau de jeu, mais en raison des choix tactiques de Pep Guardiola, qui a inexplicablement réduit son temps de jeu. L’international algérien n’a même pas été titulaire pour la grande finale de la Ligue des Champions, et avait bénéficié que d’un faible temps de jeu lors des phases finales de la compétition européenne, malgré son apport conséquent lors des phases de groupes.
Parcours de Riyad Mahrez, coûts des transferts, rémunération et plus
Mahrez en Arabie Saoudite : le début des rumeurs
C’est vers le mois d’avril que certains spécialistes saoudiens avaient dévoilés que certains clubs en Arabie Saoudite s’intéressent aux services de Riyad Mahrez. A l’époque, le championnat saoudien venait tout juste de prendre une toute nouvelle dimension avec l’arrivée d’un certain Cristiano Ronaldo à Al Nassr, avant la signature d’autre stars comme Karim Benzema ou encore N’golo Kanté là-bas.
Néanmoins, ces rumeurs ont été rapidement prises à la légère, ne devenant que de simples discussions de cafés sans réelle conviction :
Comment, Mahrez, qui a tout pour lui avec Manchester City, pourrait tout plaquer pour signer en Arabie Saoudite ?
Une réflexion qu’une très grande partie des supporters algériens ont pu se faire au cours de la fin de saison.
L’inquiétude au sujet de Mahrez s’est toutefois faite de plus en plus ressentir, et avec le temps, après avoir quitté le onze titulaire de Guardiola, l’idée d’un départ du club anglais revenait de plus en plus sur les devants de la scène, mais la piste saoudienne était toujours aussi improbable pour les fans.
#HistoiresAfrique – Top 10 des plus gros transferts de l’histoire du football algérien
28 juillet 2023 : le jour où tout à basculer
Après plusieurs mois de doutes et de théories, le départ de Mahrez était inévitable, et ce, malgré les efforts du staff de City pour le retenir. Finalement, le Champion d’Afrique 2019 a bel et bien décidé de mettre un point final à son aventure avec Manchester City, quittant le club en tant que légende après avoir réalisé un triplé histoire (Premier League, FA Cup, League des Champions) pour sa dernière année avec le club.
En fin de compte, c’est lors de l’après-midi du 28 juillet 2023 que l’actualité s’est affolée : Riyad Mahrez signe à Al Ahli Djeddah, en Arabie Saoudite, pour 35 millions d’euros. Un transfert qui a fait l’effet d’une bombe, tant cette nouvelle était inattendue du public. Alors que le championnat saoudien avait toujours une plutôt mauvaise réputation, Mahrez a grandement été critiqué à cette période-là, et de nombreuses accusations farfelues ont émergés :
Mahrez n’a plus d’ambition pour le top niveau.
Mahrez choisi la facilité.
Mahrez a été attiré par le salaire attractifs.
En réalité, le natif de Sarcelles, connu pour son attachement à sa religion, l’Islam, avait décidé de quitter l’Europe avec sa famille pour aménager en Arabie Saoudite, pays des deux lieux saints des musulmans. Cette décision n’a cependant en aucun cas bouleversé les ambitions du Fennec sur le terrain, bien que sa première saison ait été assez compliquée.
Aujourd’hui, Mahrez retrouve son meilleur niveau, et ce montre très souvent décisif avec Al Ahli, avec qui le contrat perdure jusqu’en 2027. Bien loin des projecteurs européens, c’est devant un tout nouveau public que l’Algérien démontre son talent, que ce soit en championnat, où en compétition asiatique.
#2 Youcef Belaïli : De l’AJ Ajaccio au MC Alger (2023)
Sans doute le joueur le plus controversé de ces dernières années. Youcef Belaïli attire la polémique, et pratiquement chaque semaine, on peut entendre parler de lui. Originaire d’Oran, ville de l’ouest de l’Algérie connue pour son ambiance festive, le maestro algérien n’échappe pas à la règle. Grand amateur de divertissement et de fêtes, Belaïli fait souvent jaser pour son comportement en dehors des terrains, bien qu’il soit un véritable prodige la balle au pied.
Son passage en France : Un coup de massue pour sa carrière
Après une carrière marquante en Algérie, en Tunisie au Qatar, avec un court passage au SCO Angers, Youcef Belaïli, fraichement titré Champion Arabe 2021 avec l’équipe A’ d’Algérie, a rejoint le Stade Brestois en tant qu’agent libre, après avoir quitté le Qatar SC à cause de soucis avec la direction du club.
Bien qu’il se soit rapidement imposé comme une pièce maitresse du dispositif du coach Michel Der Zakarian, Belaïli faisait quelques fois grincer des dents. Le joueur s’absentait parfois des entrainements, et ne donnait pas signe de vie pendant plusieurs jours. A chaque fois, on découvrit que le joueur faisait des aller retours non autorisés en Algérie pour voir sa famille. Bien que l’attention y soit, ce manque de professionnalisme était très souvent pointé du doigt par les médias français.
En début de saison 2022/23, le joueur a tout bonnement été poussé vers la porte de sortie du club. Des médias accusaient le Fennec d’avoir saccagé son appartement à Brest et de ne pas se plier aux exigences du club, convenues dans son contrat.
Parcours de Youcef Belaili, coûts des transferts, rémunération et plus
Alors qu’on pouvait penser que l’Algérien était devenu blacklisté en France après cette énorme polémique, Belaïli a rebondi finalement à Ajaccio, grâce à l’intervention d’un certain Andy Delort. L’attaquant algérien s’était donc engagé en octobre 2022 avec le club corse et avait réalisé d’ailleurs un excellent début de saison en championnat.
Bien conscient de l’instabilité du joueur, Ajaccio a tenu à fournir toutes les conditions au joueur pour éviter un épisode semblable à celui avec Brest. La direction a fait en sorte que le joueur puisse ramener sa famille à Ajaccio pour éviter chaque déplacement contraignant en période de compétition, et ainsi, garder le joueur, qui était, le rappelons-nous, un véritable atout pour le club.
Néanmoins, Belaïli est retombé dans ses travers, et après la fenêtre FIFA de mars 2023, il avait décidé de rester en Algérie et de ne pas rentrer en France. Le joueur évoquait notamment des salaires impayés et ne mauvaise entente avec le staff technique. La goutte de trop pour le club, qui a décidé de l’exclure du groupe professionnel pour le reste de la saison, puis ne se séparer définitivement du joueur avec la fin de l’exercice sportif.
La signature historique (mais polémique) au MC Alger
Sans club durant l’été 2023, Belaïli a profité de ces mois de vacances pour se détendre et s’amuser. Le Fennec a par ailleurs investi dans une villa à Alicante. Des détails qui peuvent paraitre anodins, mais qui ont tout de même été une source de controverse en Algérie, tant la situation du joueur était inhabituelle.
C’est en août 2023 que le Fennec a finalement décidé de revenir en Algérie pour s’engager avec le MC Alger, club mythique de la capitaine algérienne qui s’était lancé dans un mercato très ambitieux, notamment en recrutant l’ancien Brestois, devenu le joueur le plus cher de l’histoire du championnat algérien, touchant un salaire de 50 000 euros par mois, en plus d’une prime de signature estimée à près de 550 000 d’euros, ce qui revient à des dépenses mensuelles de 86 000 euros pour le joueur algérien. Des sommes astronomiques pour un joueur du championnat local.
Bien que le joueur ait littéralement porté le MC Alger, et a joué un rôle immense dans le sacre de ce dernier en championnat, l’ancien de Brest faisait des siennes, et ce, tout au long de l’année. Absences des entrainements, violentes contestations arbitrales, désire de s’imposer en tant que leader incontesté du groupe… l’Algérien a fait couler beaucoup d’encre dans l’actualité algérienne.
Cette controverse a été en place jusqu’aux derniers moments, en été 2024, où Youcef Belaïli a finalement décidé de quitter le club algérien. Accusé d’avoir fait du forcing sur le président du club Hakim Hadj Redjam pour une revalorisation salariale, et sur le coach du club, Patrice Beaumelle, pour notamment intégrer son petit frère, Farès Belaïli, avec l’équipe première, il était clair que Belaïli n’allait pas aller au bout de son deal avec le Doyen. Avec une année restante sur son contrat, l’ailier gauche algérien a finalement fait son retour à l’ES Tunis, pour la modique somme de 500 000 euros.
En conclusion de cette partie, Youcef Belaïli est sans doute le joueur qui fait le plus parler ces dernières années. Etant donnée la personnalité du joueur, mais également les décisions douteuses de son père, Abdelhafid Belaïli, qui occupe également le rôle de son agent, Belaïli n’a pas eu la carrière qu’il devait avoir, et ce, même de grands noms du football mondial le disent. C’est notamment le cas du coach français Hubert Velud, qui pense sincèrement que le Vert aurait pu jouer au Real, à Chelsea, ou au PSG s’il avait correctement géré sa carrière. Malheureusement, ce ne fut le cas, et dans chaque club où il passe, l’événement est aussitôt créé.
#3 Andy Delort : De Montpellier HSC à l’OGC Nice (2021)
L’été 2021 restera à jamais marqué par un transfert qui a divisé les supporters algériens et ébranlé les coulisses du football français. Celui d’Andy Delort, capitaine emblématique du Montpellier HSC, à l’OGC Nice. Un transfert à 10 millions d’euros qui, malgré une ovation lors de son dernier match au stade de la Mosson, a laissé un goût amer à une grande partie des fans héraultais.
Un départ mal digéré par Montpellier
Héritant du brassard de capitaine après la retraite de Vitorino Hilton, Delort incarnait l’âme du MHSC. Sa combativité sur le terrain et ses déclarations passionnées avaient fait de lui une figure adorée à Montpellier. Pourtant, en août 2021, il décide de répondre favorablement à l’appel de l’OGC Nice, alors dirigé par Christophe Galtier, qui avait fait du natif de Sète une priorité absolue.
Malgré les 49 buts et 21 passes décisives en 116 matchs sous les couleurs montpelliéraines, Delort n’échappe pas aux critiques. Certains fans, vexés par ce qu’ils considéraient comme une « trahison », évoquent ses promesses passées de finir sa carrière à Montpellier. L’international algérien se défend, déclarant :
Je comprends la déception des supporters, mais à 29 ans, j’avais besoin de viser plus haut.
Cependant, son choix alimente les tensions, au point que la préfecture de l’Hérault interdit la présence des supporters niçois lors du retour de Delort à Montpellier en mars 2022, invoquant des risques d’affrontements.
Une frustration encore plus grande en Algérie
Toute cette agitation en France à cause de Delort n’est clairement pas passée sous les radars. Etant devenu un habitué des Verts sous l’ère de Djamel Belmadi, remportant la Coupe d’Afrique 2019, le buteur était l’un des joueurs les plus suivis de l’actualité football à ce moment-là.
Parcours d’Andy Delort, coûts des transferts, rémunération et plus
Peu de temps après ce transfert, alors que le sélectionneur national avait décidé de convoquer Andy Delort pour participer à la Coupe d’Afrique 2021, un rendez-vous qui temps normal immanquable pour tout international, le Fennec avait choqué les amateurs algériens en refusant la convocation du coach Belmadi. La raison ? Delort avait dévoilé vouloir se concentrer exclusivement sur ses performances en clubs pour une meilleure adaptation, laissant donc de côté l’un des rendez-vous les plus importants de la sélection.
Delort était devenu tristement connu en Algérie pour cette affaire, et son nom est d’ailleurs de nos jours souvent associé à cet incident. Pour beaucoup, son arrivée au Gym était naturellement la cause de toutes ces critiques.
De son côté, l’ancien technicien des Verts Djamel Belmadi avait banni Delort de la sélection, après que ce dernier se soit attiré ses foudres. Il aura fallu attendre septembre 2023, soit près de deux ans après, pour que Delort ait une nouvelle chance avec les Verts, après avoir présenté des excuses publiques, mais certains fans des Fennecs ne lui ont toujours pas pardonné cet acte jusqu’à ce jour.
Un transfert dans la tourmente judiciaire
En 2024, trois ans après ce transfert, l’affaire a récemment refait surface sous un jour plus sombre. Une enquête du parquet de Nice dévoile des irrégularités dans les pratiques entourant le transfert de Delort, impliquant plusieurs agents sportifs et intermédiaires. Parmi eux, John Valovic-Galtier, fils adoptif de Christophe Galtier, ainsi que David Venditelli et David Wantier, sont accusés d’escroquerie et de blanchiment d’argent.
Les investigations mettent en lumière des pratiques douteuses, notamment l’exercice illégal de la profession d’agent. Ce scandale, qui touche un cercle influent du football, jette une ombre sur la transparence des transferts dans l’élite française.
Une controverse qui illustre le football moderne
Andy Delort est aujourd’hui bien plus qu’un simple joueur de football. Son transfert incarne à la fois les espoirs d’ascension et les désillusions d’un sport où les choix de carrière sont de plus en plus dictés par des enjeux économiques.
Alors qu’il continue de briller sur le terrain, aujourd’hui sous les couleurs du MC Alger, son passage de Montpellier à Nice restera une affaire emblématique et une page marquante du football algérien, qui aura fait jaser aussi bien en France qu’en Algérie.
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