Le développement du football, particulièrement en Afrique, repose en grande partie sur les centres de formation. Ces structures jouent un rôle crucial dans l’accompagnement des jeunes talents, tout en contribuant à l’économie locale et au développement communautaire. Le cas de Swallows, une académie de référence au Togo, illustre bien ces enjeux.
Dans cette interview avec Florent Kataka, administrateur général de Swallows, qui s’inscrit dans le cadre de la série d’articles #EspoirsAfrique, nous explorons les coûts, les sources de financement, les défis et les ambitions de cette structure pour offrir un aperçu des réalités du football à la base.
Combien coûte en moyenne le fonctionnement annuel d’une académie comme la vôtre ?
Au Togo, ce qu’on appelle centre de formation ce ne sont pas des structures qui sont véritablement formalisées. Il n’y a pas un exemple typique, mais sachez quand même que le Ministère en charge des sports, dans l’agrément qui porte création, organisation et fonctionnement des structures de formation sportive, avec les labels qu’il a instauré, A, B et C, a quand même donné une directive par rapport à cela. Si vous voulez avoir un agrément de catégorie A, il y a un budget minimum qu’il faut avoir. Si je ne me trompe pas, ça doit être 60 millions.
Swallows, par exemple, a eu l’agrément de catégorie A. Donc, cela veut dire que minimum, nous devrions dépenser 60 millions, avoir comme budget en équilibre ressources et emploi, 60 millions. Pour les autres, ça peux être moins. Donc comme vous demandez une moyenne, je peux vous dire, entre 30 et 60 millions.
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Quelles sont les principales sources de financement de Swallows ?
Je vais plutôt répondre en disant les principales sources de financement d’une structure de formation ou bien d’un club. C’est un club déjà Swallows. Il ne faut pas le fixer ou bien le considérer comme une académie ou un centre de formation. Tout le monde fait cette erreur. Normalement c’est des clubs. C’est un club qui a un centre de formation.
Le centre de formation, c’est la structure qui prépare des jeunes à intégrer les effectifs seniors, amateurs ou professionnels. Donc Swallows est un club qui a aussi des seniors mais a un centre de formation. Maintenant dans le démembrement des centres de formation ou bien dans la catégorisation, vous pouvez soit commencer tellement en bas, ou ce qu’on appelle l’école de football. Et là vous avez des tout petits d’au moins de sept ans. Vous avez l’Eveil, après vous avez les Poussins et les Pupilles.
Les moins de 9 ans, les Poussins et les moins de 11 ans, les Pupilles. Après, si vous voulez, vous pouvez donc monter, l’école continue jusqu’au U13, les moins de treize ans. La préformation, vous avez donc les Minimes, les moins de quinze ans. Maintenant la formation, donc les moins de 17 ans, les moins de 19 ans. Après si vous voulez, vous pouvez avoir des sections post-formation.
La première source de financement, normalement, d’un club comme le nôtre, ça peut être et ça doit être le transfert des joueurs. Et comme vous le formez, vous avez donc la possibilité de l’enregistrer. Ce n’est pas une chose, mais quand même, tous les clubs normalement vivent à partir de cela.
Après, ce qui est important et ce qui suit souvent, c’est l’exploitation des infrastructures. C’est pour ça qu’on demande que tous les clubs doivent avoir leurs propres infrastructures pour avoir donc des revenus qui sont privés, des revenus propres.
Après, vous avez d’autres sources, comme bien entendu le sponsoring. Le sponsoring vous permet donc d’avoir des opérateurs économiques qui veulent être visibles parce que votre club est grand ou bien votre club est connu. Par exemple, mettre les trucs sur vos maillots et afficher les choses dans votre centre, associer leur nom à vous. Parce que c’est un club qui n’a pas envie qu’on dise qu’il est associé au Barça ou bien au Real.
Donc après, il y a des partenariats aussi financiers qui peuvent être des subventions. Mais quand on parle de partenaires financiers, c’est des structures avec lesquelles vous collaborez. Ça peut être des structures qui sont là pour le développement et vous pouvez travailler, par exemple, avec le CEP à l’UNICEF, parce que vous protégez les enfants, vous êtes chez vous, ils peuvent vous donner des moyens, le PNUD, d’autres structures, associations, ONG, etc.
Maintenant, il y a aussi des subventions publiques. Nous, nous ne l’avons pas au Togo, mais normalement l’Etat doit subventionner toutes les structures, même si ce n’est pas l’Etat directement. Les collectivités locales doivent donner des subventions, les mairies par exemple. Swallows peut profiter donc des subventions de la mairie Lomé Golfe 2.
Après, maintenant il y a ce qu’on appelle le merchandising. C’est-à-dire que tout ce qui entoure le volet commercial, parce que vous pouvez vendre des maillots, vous pouvez vendre des produits dérivés, vous pouvez vendre toute chose que vous-même vous créez et qui permettent aux gens de s’identifier à votre club.
Pour terminer, vous avez aussi la possibilité, la capacité d’exploiter et de mener des activités et des événements, de créer des événements, par exemple un tournoi, des manifestations qui vont ramener de l’argent à la fin.
Dans le cas du championnat local ou de l’étranger, est-ce qu’on peut avoir une idée de la valeur d’un transfert d’un joueur ?
Il n’y a pas un canevas particulier. Il y a une grille que la FIFA a mis en place pour cette grille. je vais vous donner un exemple précis si je veux transférer un de mes joueurs aujourd’hui. La FIFA a créé donc des zones. Donc, il y a la zone A, zone B, zone C, zone D. Et pour chaque zone, s’il quitte le championnat togolais pour aller par exemple encore dans le championnat togolais, il y a un montant précis. S’il quitte, il va dans un championnat intermédiaire. Il y a un montant précis et dans les championnats huppés, c’est la zone A.
Dans cette zone A, par exemple, il va signer pro. Par exemple, à Lille, vous avez d’abord ce qu’on appelle l’indemnité de formation qu’on va reverser à tous ceux qui ont formé le jeune. Ces indemnités dépendent du moment où le jeune est resté chez vous. On les compte à partir d’un certain âge, 14, 15, 16 ans, vous avez 10 000 € par année de formation, alors que quand vous l’avez formé à partir de 16, 17, 18 ans, ça fait 90 000 € par année de formation. Donc, ça, vous voyez que ça amène certains clubs et ou certaines académies à adopter une stratégie. Est ce qu’il faut prendre le jeune tôt ou bien le prendre au moment où il a une valeur beaucoup plus élevée ?
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Un jeune quitte votre centre pour un club de première division du Togo.
Nous sommes dans cette zone là. Je pense qu’il y a la grille. Mais est-il dit que nous sommes dans un système amateur. Et dans ce système, normalement, on compte cela lorsqu’il signe son premier contrat professionnel. Le championnat togolais n’est pas professionnel, donc ça veut dire que la grille ne s’applique pas à notre championnat. Mais lorsqu’on va devenir professionnel, la grille va s’appliquer.
C’est comme un joueur qui quitte la zone et qui va tout ce qui est toujours dans la zone D. Il y aura un montant. Mais maintenant, ce que je souhaite dire, c’est que par rapport à notre championnat, ça fait l’objet de spéculations et d’échanges entre les deux structures. Mais, la fédération peut encadrer cela. On l’a vu dans certains championnats où on a donné quand même un montant pour dire, au moins un minimum. Les centres de formation, c’est ça qu’ils doivent vivre normalement.
Comment sélectionnez-vous les clubs partenaires où vous placez les joueurs? Quels sont les critères les plus importants selon eux ?
Le monde du football est un monde qui est devenu très serré. Les partenaires ne se choisissent pas, mais les partenaires, c’est eux qui vous choisissent. C’est pareil qu’un joueur difficilement lui même à part que sa cote est vraiment très élevée, qu’il choisit lui même son club. C’est le club qui vient, qui dit lui, il m’intéresse. Pourquoi? Parce que les équipes sont devenues, ont maintenant une identité. Ils ont une philosophie de jeu, ils ont une manière de fonctionner, ils ont des schémas. Et il n’est pas normal d’aller prendre un joueur juste parce qu’il faut le prendre. Donc pour répondre à votre question, concrètement, c’est l’équipe qui vient qui dit telle académie m’intéresse. Nous aussi, on va quand même vers eux, mais on leur fait la cour, Ils peuvent accepter comme ne pas accepter, mais c’est eux qui identifient un joueur et s’ils l’identifient, on voit si le joueur et ils remplissent les conditions pour qu’on puisse leur libérer le joueur.
Sinon, Swallows quand même a un partenariat avec un club de première division en Belgique. Nous sommes allés vers eux et le club aussi a compris que nous avons du potentiel pour une collaboration avec l’Afrique. Tous les clubs aujourd’hui européens commencent par s’ouvrir vers l’Afrique. Parce que les joueurs africains partent à une valeur marchande réduite, mais à la revente, ils arrivent à avoir de l’argent.
C’est pour ça que je vous dis même les clubs européens et professionnels aujourd’hui, leur première source de revenus, c’est le transfert de joueurs. Donc personne n’a envie de prendre un joueur ou il le prend à 10 millions d’euros, il va le revendre à 9 millions d’euros. C’est pour ça qu’ils les prennent beaucoup plus jeunes. Il les prend à 10 millions et avant de le prendre, il doit s’assurer que dans un an, deux ans, il peut le revendre plus. Ce n’est que du commerce.
Alors de quel club il s’agit en Belgique et comment ce partenariat fonctionne?
C’est FC Malines ou bien, si vous voulez, KV Mechelen puisque c’est un club. Voilà, néerlandophone, donc du côté des Flamands. Et ce club là est un club historique en Belgique, qui est en première division, disons en Jupiler Pro league et qui souvent se retrouve en milieu de tableau. Un club qui a les pieds à terre comme on le dit, qui ne flambe pas, mais quand même, qui est très stable dans son fonctionnement. Et le partenariat fonctionne très bien.
Déjà par des échanges techniques. Et ce club nous permet aujourd’hui de hausser le niveau de nos éducateurs par une formation permanente et continue des éducateurs sur plusieurs thématiques. Une évaluation même après une collaboration, au niveau donc de la détection des talents. Et nous Swallows, nous avons créé, donc nous avons un groupe Swallows Group qui nous permet aussi d’avoir d’autres talents par les talents que nous avons directement inscrits au centre.
Et ça contribue aussi à nourrir un peu ce partenariat. Et tout récemment, il y a trois jeunes de Swallows qui sont allés faire un stage dans ce club et s’ils confirment le talent qu’ils ont, je suis persuadé que d’ici un an, deux ans, le club peut demander finalement qu’ils signent donc un contrat avec eux.
Alors de l’inscription d’un jeune dans votre centre jusqu’à ce qu’ils soient prêts pour le monde professionnel, ça peut coûter combien environ ?
Déjà, il faut redéfinir Swallows. Swallows, c’est une structure de formation sport et éducation. Je ne veux pas dire sports – études. Education parce qu’en fait il y a des gens qui ne sont pas scolarisés, mais ils peuvent suivre une formation. Et on nourrit le jeune aussi avec des valeurs, etc.
Intégrer Swallows il y a deux sortes. Il y a deux projets qui cohabitent. Il y a un projet de performance et un projet aussi d’épanouissement. Donc ceux qui peuvent être dans la performance, ils sont détectés, ils ne payent pas. Ils ne déboursent aucun sou. Nous nous occupons d’eux de A à Z logement, hébergement, restauration, soins médicaux, transport, assurance, École, tout fille comme garçon.
En contrepartie, vous gagnez quoi?
C’est un modèle économique. Déjà, je vous dis que nous sommes une association, une association et à des objectifs. L’objectif, c’est pour nous, c’est de contribuer à l’épanouissement des jeunes. Donc nous cherchons des moyens pour aider les jeunes pour qu’ils réussissent demain. Si demain ils réussissent et ce qui est probable, au moins sur un aspect, soit ils réussissent sur le plan scolaire, ils vont trouver du boulot, soit ils réussissent sur le plan sportif. Et même sur le plan social, les trois piliers principalement.
Et quoiqu’il arrive, ils vont devenir quelque chose. Et s’ils réussissent sur les trois aspects, forcément ça rapportera quelque chose au centre. Puisque je viens de vous dire que il y a quand même des indemnités de formation, mais la probabilité, vous le savez, dans le football, c’est certain, pas de 2 %, ce n’était pas de 3 % des jeunes qui peuvent finalement signer un contrat professionnel pour que ça rapporte quelque chose.
Mais lorsque ça arrive, vous savez que c’est largement suffisant parfois pour couvrir même les dépenses que vous avez eu à faire en amont. Mais je vous le dis quand même que Swallows, c’est un écosystème, ça ne tourne pas uniquement que sur l’aspect formation, mais il y a beaucoup d’autres choses tout autour que nous développons. L’essentiel, c’est que nous puissions avoir des moyens qu’il faut pour accompagner les jeunes dans leurs rêves.
Quelle est l’importance d’une académie dans l’économie locale? Est-ce que vous créez beaucoup d’emplois pour les jeunes?
Bien sûr. Swallows emploie 60 personnes en ce moment, 30 à Lomé, 30 à Togoville. Et c’est des personnes qui sont payées. Parmi eux, il y a des gens qui sont en contrat, d’autres qui sont salariés complètement et d’autres qui sont bénévoles. Même les bénévoles ils sont défrayés par exemple par rapport à leurs déplacements, etc. Et l’académie ou l’association ou le club contribuent eux aussi à leur épanouissement. Ce n’est pas seulement aussi des jeunes. On contribue par exemple dans leur formation. Vous avez vu dès le début de Swallows Football, depuis 2013, si je ne me trompe, on a développé un projet où il faut former les éducateurs.
Au début, ils sont venus, ils n’avaient aucun diplôme. C’est des jeunes passionnés du quartier qui essayaient de se débrouiller avec des petits groupes de jeunes. Mais au finish, aujourd’hui, tous ceux avec qui on a commencé, ils ont au moins la licence B CAF, ce qui est quelque chose d’intéressant. Certains, ils sont passés par nous et finalement, ils sont aujourd’hui coaches des clubs de D1 au Togo et ailleurs. Donc vous voyez que c’est déjà positif.
Swallows contribue sur l’aspect aussi Développement communautaire puisque nous menons beaucoup de projets en collaboration avec la mairie et nous contribuons aussi à des projets de développement local. Par exemple, à Togoville, nous contribuons à beaucoup de choses, à des formations où on intègre les jeunes. Je vous donne l’exemple de l’école Swallows de Togoville. Nous avons l’agrément pour le collège et le lycée. Nous donnons une bourse chaque année à cinq des meilleures jeunes filles qui ont eu le CEPD et qui intègrent l’école sans payer. Donc vous voyez que tous ces éléments là c’est une manière de contribuer aussi au développement des communautés.
Quels investissements envisagez vous dans les années à venir pour faire grandir le centre ou le club?
Beaucoup de choses. Déjà, les premiers investissements, c’est améliorer les infrastructures. L’une des forces de Swallows, c’est que nous avons nos propres infrastructures. Donc, et même si nous les avons, vous savez qu’il y a beaucoup de changements ou beaucoup de choses qui arrivent aujourd’hui, des normes par rapport aux infrastructures. Nous avons une pelouse à Lomé, une pelouse naturelle et pourquoi pas ne pas faire évoluer ça pour que cette pelouse soit comme les pelouses des terrains anglais? Pourquoi pas?
Et maintenant, les infrastructures que nous avons à chaque fois, nous les améliorons. Les dortoirs doivent être améliorés, les salles d’étude doivent être améliorées et même l’environnement même du centre puisque nous parlons aujourd’hui d’académie inclusive. Ça veut dire qu’on ouvre nos portes à tout le monde, mais quand tu arrives, il faut que tu t’épanouisses.
Tu ne peux pas arriver et t’épanouir dans un environnement où il y a des déchets ou bien le centre n’est pas propre, etc. Si vous arrivez au centre de Lomé aujourd’hui, ça commence par être flambant neuf, bling bling et c’est important. Et à Togoville aussi, nous faisons aussi les mêmes efforts pour que ces infrastructures là soient beaucoup plus développées et modernes.
Vous savez, pour former les jeunes aujourd’hui, surtout si vous avez le projet de pouvoir les faire signer un jour dans un club professionnel, c’est dans des conditions idéales. On ne forme plus dans des conditions compliquées. Tu ne peux plus former un enfant pour qu’il devienne professionnel, comme avant, et il joue tous les jours dans du sable. C’est vrai. Ça peut donner limite quelque chose, mais la probabilité que cela donne quelque chose, elle est très réduite. Mais quand vous les formez dans de bonnes conditions, d’abord les gens vous font confiance.
Quelles sont les difficultés que vous éprouvez dans ce secteur ?
Les premières difficultés, c’est d’ordre structurel, macro. C’est à dire que tout le système du football togolais. Disons-nous la vérité, ce n’est pas optimal. Forcément, beaucoup d’efforts sont faits ici et là par le ministère, par la Fédération. Mais il y a beaucoup encore à faire. L’environnement du football togolais ne nous permet pas de nous identifier, même assez facilement.
Lorsque nous pointons quelque part, quand on dit togolais, on ne fait pas confiance à nos jeunes. Je suis persuadé que si on dit il y a une place à prendre à Lille, un latéral droit. Je présente mon jeune latéral droit et Académie Diambars du Sénégal présent sont jeunes, l’académie Asec de la Côte d’Ivoire, l’académie Mohammed VI du Maroc présente son jeune, le jeune togolais part déjà avec des a priori. Ils vont vouloir plus voir les autres d’abord avant. Pourquoi ? Parce que on lie forcement le talent dans le pays aux prouesses des équipes nationales. Nos équipes nationales aussi ne sont pas très reluisant que ce soit de jeunes que seniors. Donc ça nous pose un problème à nous, au niveau privé.
Ensuite, l’environnement dont je parle aussi, c’est l’organisation. Il n’y a pas de visibilité. Ce n’est pas un système qui accompagne aussi parce que le système doit accompagner. Le ministère par exemple, doit donner des subventions aux clubs qui font des efforts. Il faut qu’il y ait des labels parce que soit on fait des efforts, on doit l’accompagner. On ne doit pas dire que Pourquoi c’est Swallows? Non. Ça doit pousser celui qui est en bas aussi à faire des efforts.
Donc ça fait que le système aussi n’est pas un système qui encourage, je veux parler de l’encouragement. La fédération doit encourager les clubs. Par exemple, la fédération doit donner plus de subventions aux clubs qui forme les filles parce que ce n’est pas facile à faire. Mais à chaque fois, on nous pose les problèmes de moyens qui sont réels. Je suis d’accord, mais c’est un serpent qui se mord la queue. Tant que nous ne le faisons pas, le système n’est pas propice pour le développement des talents et pour que les clubs aussi soient présents. Donc probablement, pratiquement, c’est ça notre problème.
Sincèrement, nous n’avons pas les meilleures conditions pour développer les talents. C’est des joueurs talentueux. Le talent se trouve au Togo. Dieu nous a permis de voyager et de voir beaucoup. Je suis allé en Côte d’Ivoire et je ne suis pas allé au Maroc. Certes, mais quand même dans la sous-région ici au Mali, au Sénégal, etc. Sincèrement, le Togolais a le talent dans le football. Ça, il faut dire la vérité. Mais après, qu’est ce qu’on fait de ces talents ?
Comment on les entretient? Vous vous rendez compte? Quand on parle de U17 Togo équipe nationale, il n’y a qu’une seule période de préparation. On participe à l’UFOA, on est éliminé. On attend. C’est parti pour l’année prochaine, ça ne marche pas. Je vais vous donner un autre exemple la D3. Même D2. On joue sur combien de mois? D3 Aujourd’hui, ça se passe pratiquement sur trois mois. Après les trois mois, c’est fini. Quel est ce club qui va fonctionner que trois mois dans douze mois? Le reste, tu fais quoi? Il n’y a pas de compétition officielle, Tu vas te débrouiller avec des petits tournois et tout ça. Là, on ne sait pas développer les talents.
Comment vous gérez la concurrence avec les autres centres qui essayent d’attirer vos talents ?
La concurrence, elle doit, elle existe dans le football, un joueur, comme je l’ai dit tantôt, on va le chercher et quand on va le chercher, on va le chercher avec des arguments. Ok, tu dois lui offrir un projet, on ne va pas bien. Or, aujourd’hui, c’est nos joueurs qui courent derrière les clubs. Non, c’est le club qui va vers le joueur. Tu joues, tu montres ton talent. Bien sûr, il faut qu’il y ait des compétitions et lorsqu’il y a des compétitions, tu montres que tu es bon et le club va venir te demander s’il te plaît, est ce que tu peux jouer pour moi?
Là, tu poses tes conditions, mais quand c’est toi même qui court, qui va là bas, on te traite comme on veut. La preuve, au début de chaque championnat de première division, des joueurs ont dit que les clubs disent qu’ils font le test. Ça ne se passe nulle part ailleurs. Tu fais quel test? Quelqu’un au Togo, tu peux quitter la maison et directement aller jouer en première division sans jouer, même en deuxième division ou troisième division, ou faire même un centre de formation.
Maintenant, comment vous faites pour sécuriser vos joueurs ?
Il y a déjà le FIFA Connect. Déjà, le FIFA Connect vous permet d’enregistrer. Mais ce n’est pas toutes les académies qui sont dans le système. Premier élément, comme je l’ai dit par rapport à la concurrence, c’est que lorsque nous, nous avons des arguments qu’il faut, nous avons le cadre, nous avons la formation, nous avons des bons coachs, nous avons déjà l’internat, nous avons un système, nous sommes reconnus. C’est beaucoup plus facile pour nous de convaincre un enfant de venir chez nous.
Et s’il y a une autre académie arrive, c’est aux parents de décider. C’est comme une école. Donc c’est un choix, soit un choix dicté par l’argent ou non. Mais comme ce n’est pas payant avec notre système de performance, les gens se disent bon, c’est plus stable à Swallows. On n’a pas vraiment ce souci. Mais est il dit que nous arrivons quand même à les protéger à partir donc de l’enregistrement.
Comment vous faites pour augmenter votre visibilité pour attirer d’autres partenaires ?
Déjà, nous sommes une structure qui fait beaucoup d’activités. Sur les médias, les réseaux sociaux, vous voyez souvent l’activité principale d’un club ou d’une académie, c’est on a joué un match. Nous Swallows vous voyez beaucoup de choses, des visites, des formations. La preuve, dimanche par exemple, nous allons encore faire une formation pour toutes les filles du football et du basketball sur la fabrication du savon liquide parfumé. Il y a deux semaines nous avons fait une formation pour les techniques de tissage des filets de football, de basketball, de hand etc. Nous menons beaucoup d’activités et donc nous étalons tout ça là sur le sur les médias.
Nous avons notre propre site internet au Togo. Je pense qu’il n’y a que Asko et Asck qui ont leur propre site internet. Nous en avons depuis des années et nous sommes présents sur tous les réseaux Facebook, Twitter, Instagram et Tiktok même. Donc c’est comme ça aujourd’hui qu’on fait sa publicité. Mais la réelle publicité, c’est les activités que vous faites quand vous faites des activités, des gens viennent vers vous, ils voient, ils se disent quand même qu’il y a du bon travail. Et ça se répand dans le monde entier.
Et même quand, pendant les vacances, lorsque nous organisons les camps d’été de vacances, les expatriés ou bien les Togolais qui vivent à l’étranger, même avant d’arriver à Lomé, ils cherchent déjà un centre où son fils qui fait le football en France ou en Allemagne, il doit aller tout de suite. Les gens lui disent va à Swallows. Donc c’est d’abord par rapport aux infrastructures, la sécurité et de la pratique et la qualité de la pratique et ensuite par pour l’encadrement.
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